PIERRE PILONCHERY

pilonchery.com



LES SUPERBES LIEUX DE L'ARTISTE


Pierre Pilonchéry

1985-2005



La rédaction des Superbes Lieux de l'Artiste s'étend de 1985 à 2005. Ce texte additionne sur une durée de 20 années des pensées, remarques, évidences, incertitudes et plein d'autres choses. Il témoigne par l'intuition, l'expérience et la connaissance d'une énergie en action pour tenter de se regarder et mieux regarder le monde où nous sommes, depuis sa réalité la plus quotidienne jusqu'à ce qu'il a de plus illimité c'est-à-dire l'univers tout entier. Une longue phrase découpée en fragments titre chaque partie de l'ensemble du texte divisé en 55 parties correspondant aux 55 années de l'auteur lorsqu'il en achève la rédaction. Tout se tient dans le monde, tout a lieu partout à la fois.



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...Ces textes s'étendent et s'étirent en forme de surface sans début ni fin...


Je sais que la vie connaît ce qu'elle poursuit. C'est comme une distribution de nos trajectoires immédiatement repérables au-delà des limites de nos connaissances parce que la transformation de nos interprétations nous emmène où tous et chacun nous voulons. Autrement dit nous sommes l’univers que nous construisons dans lequel nous sommes véritablement la somme d’éléments disparates issus d’un champ de possibles. La mise en forme de nos créations dans tout ce que nous faisons, cette similitude temporelle jamais définitive, l’image et le son, la liberté dans l’interprétation, les objets, les phénomènes, la naissance d’une action dans la confiance, les aptitudes et les incertitudes, l’espace et le devenir et tout ce qui peut engendrer la transformation, la forme, la matière, le déploiement de ce que nous sommes et tous ces principes d’incitations comme un tissu d’activité incluant passé, présent, futur, composent la trame des chemins que nous tissons. Tous nos pas sont un premier pas. C'est alors un bruit d’une prodigieuse certitude lorsqu'on entend les images du paysage que nous construisons. Ca veut dire que simplement nous devons embrasser nos affirmations. Par exemple je vois debout sur la scène tout le monde et partout,je vois la surface du globe et toutes les surfaces de l’univers et je vois l’inépuisable que nous créons si nous savons ce que nous voulons, je vois nos connaissances et tout ce que nous enregistrons, je vois notre faculté d’agir comme un plaisir maximum parce que nous sommes dans une situation d’actions. Nous sommes dans un mouvement de réponses et d’attentions. L’évolution n’est plus approximative.



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...à lire dans tous les sens à la fois...

Voici venir une simple quiétude. Chacun peut connaître cet appel silencieux de toute pensée dans l’illimitée de son ambition. Comment dire? L’irréductible multiplicité qui toujours nous permet de résoudre nos difficultés construit notre état de conscience à nous représenter le monde que nous construisons. Autrement dit si tous ces enregistrements d'actions écrivent des connexions inconscientes coupées de nos savoirs et pourtant signifiantes pour nos consciences aussi c'est parce que nos responsabilités se combinent et se croisent. C’est la question de l’instant dans son rapport à la durée. Et tout le monde peut participer. Et toutes nos existences et nos consciences manifestent de partout ce qu'on appelle amplement un état de nos lieux, avec sa fonction parfaitement inspirée sans contrôle aucun du temps dans ses accords et dissonances sur l'écran de l'urgence qui doit ici nous occuper. Le monde nous offre ses matériaux, inutile donc de préciser le désir proprement irrésistible de connaître autrement ces énormes ressources sur lesquelles exister. Qu'est-ce que ça veut dire? Eh bien sur la scène le spectacle est permanent et nous pouvons écouter tous les signaux possibles que l’on peut enregistrer, sur tous les côtés. C'est juste une question de mesure quant à l'action que nous engageons, des regards que nous additionnons, des procédures que nous utilisons. Voilà comment ça fonctionne. Dans le monde des apparences c’est juste un regard sur des voix, juste un effet sans la cause pour une conscience immatérielle, juste une question de présence parce qu' on peut tout voir et tout savoir si l’on veut bien. Toutes les situations, tous les événements, tous ces biens les plus précieux, c’est juste une question d’échelle si nous savons additionner.



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...ne transmettant aucun message définitif...


Maintenant vous allez voir votre visage, vos pensée, vos craintes et vos rires et tout votre corps au milieu d'applaudissements de cris et de bruits mélangés. La musique toujours inachevée se déplace pour le plaisir. Elle restera peut-être l’expression d’une stratégie de l’évolution mal dissimulée de la création du monde à chaque instant que l’on crée. Tout ce que nous pouvons multiplier dans tous ces lieux que nous découvrons c’est seulement l’expérience que notre conscience signe et reconnaît. C’est là que nous écoutons ce que nous savons. C’est là que nous apprenons les mille et une façons d’être au monde que nous créons. Tous les sens qu’on additionne, les endroits, les éléments, l’espace et le temps, l’évolution, les civilisations réellement en vibrations pour célébrer la connaissance et sa signification, la forme, la matière, ce que nous sommes, tous ces lieux que nous occupons, tous ces lieux que nous découvrons si nous savons ce que nous voulons, les pierres, les étoiles, l’inachevé, la surface de notre monde et son immensité, les images, les visions, tous les sons mélangés que nous écoutons, c’est notre volonté qui les construit. Ce sont là nos missions reconnues sous les regards attentifs de visages indestructibles détachés du bruit et même du silence et de toutes dimensions et même de l’avenir. Tous ces signes composent une partition, notre vision en module nos conceptions et puis on fait les enregistrements. Quels sont donc nos modes de perceptions ? Quelles sont nos convictions ? Ce n'est pas une question de mesures ce que nous faisons mais bien plutôt de décisions quant à l'action que nous engageons. Tout le monde peut y repérer les détails, c'est juste une question de regards sur cette forme douce et parfaitement divine de l’espace et du temps. Dans la construction de ce que nous jouons tous les événements sont possibles.



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...en sachant rester dans le provisoire qu'il faut prendre pour ce qu'il est...

C'est de cela qu'il s'agit, de nos histoires et de toutes leurs surfaces, de l’image de nos visages indestructibles détachés du bruit et même du silence et de toute dimension et même de l’avenir, de nos missions reconnues sous les regards les plus attentifs, de l’illimité de l’existence dans tous ses paramètres glissant dans l’espace jusqu’à ses bords les plus incertains, et tout ça voyez-vous, avec la désinvolture d’un regard extérieur, c’est seulement l’expérience que notre conscience signe et reconnaît, en fait la gravité terrestre au milieu des étoiles. Je sais que je suis le monde. Tout le monde peut enregistrer cette phrase dans sa mémoire et dans ses actes et regardez la joie que nous éprouvons quand nous associons ce qui peut paraître dissocié. Cette liberté indivisible dans tous ces lieux que nous traversons chante et reconnaît toutes nos questions lorsque nous nous asseyons pour les écouter. Il suffit que l'occasion précède l'acte constituant la fonction première du risque fixé par les décisions du hasard lorsque la voix véhicule à chaque parole le bonjour fragmenté de tous nos gestes répétés. Ce sont des indices pour chacun se trouver. Sachez qui vous êtes, aujourd’hui. Après ça va tout seul, il suffit de bien lire ses rêves et de les satisfaire. Alors il devient assez facile de procéder par événements et plaisir personnel parce que l'expérience sur le monde où que ce soit dans le monde c’est juste une question de regard. Nous le savons, les calculs se combinent, et notre faculté d’agir sur notre état de conscience à nous représenter tous les points des chemins que nous traçons comme nos missions reconnues sous les regards attentifs de visages indestructibles c’est seulement l’expérience que notre conscience signe et reconnaît. En direct. Morceau par morceau. Chacun son image. Voilà comment ça commence, des regards et beaucoup de monde. Et tout ça me donne confiance parce que c'est une grande qualité cette intuition nécessaire à la sérieuse exactitude de nos circonvolutions toutes vulgaires ou séduisantes. C'est comme la fraîcheur d'une feuille qui vole au vent. Je peux voir entre le silence et le bruit chaque cas particulier dans l'ensemble détaillé de nos vies rassemblées. L’ambivalence de nos voix s'y déploie, nous imaginons pour y voir plus clair dans l'obscurité.



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...juste des propositions inabouties...


C'est Joyce qui préfère le clou au mur plutôt que le tableau, simplement apparaît le temps vaste surface où regarder lorsque pour commencer la parole se divise pour nommer sans besoin la variété des situations. Tous les points de vue se mélangent, toutes les voix conviennent. Disons que nous opérons dans un champ de possibles mettant en jeu des corrélations que nous tissons sans retenue parce que la nature des choses se perpétue lorsque nous émettons de la terre au ciel des temps différents. Nous voici face à l’explication sans finalité, le particulier dans son environnement. Prenez par exemple tous les corps humain dans leurs destinées spatiales, leurs paroles s’étirent et disparaissent, et ce que je dis et ce que je sais, tous ces détails additionnés, tous ces morceaux sous de nombreuses variantes, ce temps vécu de l'expérience individuelle et collective du monde traversé comme un grand collage, toutes ces questions fondamentales comme l’espace et le temps et tout ce qu’ils peuvent incarner, c'est-à-dire chaque point du globe et sa détermination pendant des milliards et des milliards d’année, ce que nous pouvons créer dans notre manière de regarder, tout ce que nous pouvons penser, tous ces lieux et leurs surfaces et toute l’histoire de l’écoulement de nos ouvrages dans tout ce que nous créons, tout ça ce sont des histoires d’actions si vous voulez. Mon sujet c'est la banalité et la gloire reconstituée du monde où nous sommes. Je suis un voyageur dans l’univers et je suis tous les je de la terre, c'est comme une sorte d’instinct de survie dans chaque cas particulier que je crée. Et il y a bien des manières pour tracer toutes ces modifications localisables et construire la notion de durée. En conséquence on peut lire tout aussi bien le moment que l’entre-temps, l’inoffensif que le fin-fond de l’amour, lentement, sans compter, puisque les données, de quelque manière qu’elles opèrent, maintiennent et modifient toutes les formes et leurs combinaisons lorsque nous sommes en possession de nos expériences et de tous ce que nous créons. Nos sens demeurent de simples courants ou peut-être encore paraissent accomplir la vie réelle vers laquelle en pleine conscience nous nous dirigeons. Voyez tous les détails et tous les processus mis en mémoire, en même temps que le désir et l’oubli, directement, joyeusement, ne cherchez pas d'obscures raisons, voyez simplement les pièces mises bout à bout, voyez toutes les vues, le contenu, enregistré sans truquage, images, sons, retraçant l’événement que chacun nous sommes.



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...dont l'intérêt formel réside dans le processus de fabrication...


Évidemment le témoignage s'attache à rendre indifférent non sans hostilité la connaissance de notre propre image. Comme une fondamentale métamorphose de l'inconnaissable en un superbe tissu, comme une invitation d'un rivage à l'autre pour se détacher de tout ce qui peut dans tous les cas nous encombrer, c'est aujourd'hui on peut dire la force productive de tous nos ouvrages. Toute création est action. Nous marchons, nous parlons, nous agissons. Dans ces moments d’actions, dans un flux de relations, il n'y a pas de plus beau réveil que celui de l'homme soigneusement attentif aux mille autres aspects du principe encore non entamé de l'univers et de son vide. Par exemple j'entends le bruit du vent qui souffle et de la mer qui se brise, je ne peux m'empêcher de flotter dans l'atmosphère, voilà le fait. Mais l'explication du fait se trouve dans les choses qui augmentent le nombre des actions possibles qui superposent juxtaposent ou croisent toutes les surfaces du monde où nous sommes. Tout ce qui est donné à voir et à entendre fonde sur de multiples principes esthétiques de multiples principes constructifs pour le monde où nous sommes. Je voudrais attirer un large public dans cette entreprise, toutes les disciplines peuvent s'y croiser. Cette pratique de l’art et de sa survie pose la question de sa signification. Que peut-on comprendre enfin ? Toute vie, à l’écart et dans son silence, tout ce qui peut exister. Nous y voyons des constantes et des variables. Et c'est superbe parce que les détails détournés et mélangés ne laissent aucun repère et chacun devient son propre message. Juste soi-même.



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...parce qu'une chose est certaine...


Ce que je veux dire c'est qu'à chaque déplacement l'habituelle scénographie du monde que nous traversons nous emmène où nous voulons. On peut tout voir, on peut tout dire, les pierres, les étoiles, le sable, l’océan, le ciel en silence, nos connaissances et notre plaisir, tout ce que nous pouvons contempler parce que tout ça c'est gratuit, c'est ce qui est observable. Et le sens que l’on peut trouver là nous emmène toujours au sommet de la montagne d’où la vue se dégage, comme un système d’intégrabilité où rien ne pourrait pas ne pas entrer, comme des moments d’actions si vous voulez dans un flux de relations des particularités. Chacun y gagne sa propre voix. Chacun peut dire je suis tout le monde. Et dans ce sens l'action du moment, dans toutes ses combinaisons, produit au-dessus de la scène comme de la lumière pour élargir le rayonnement de la vision générale du monde où nous sommes. Toutes les manières de procéder sont ici à considérer. Ces images infinies qui croisent nos destins méritent aussi des entretiens, comme des morceaux du monde réorganisés dans plein d'espaces de simultanéités. Évidemment nous ne savons rien d'avance c’est-à-dire qu’il nous faut donc revenir à la structure, cette figure de l’articulation des choses en laquelle la nature des choses se perpétue pour signifier qu’il n’y a pas de différence au fonctionnement du visible et de l’invisible. C’est là qu’il nous faut regarder. Voir le monde et l'ossature qui tient tout ça. Il s’agit d’additions, de multiplications. Tous les signes que nous produisons interagissent les uns sur les autres. Les événements, les actions, les informations, les rencontres de possibles, les situations inachevées, ce qui y est, ce qui n’y est pas, l’essentiel et son inverse, tous les rôles en même temps, toutes les questions qui font et défont notre travail, toute les choses de l’espace et du temps, l’immensité, nos relations, les processus mis en scène par l’ambition de nos désirs, tout ça véritablement doit éclairer ce que nous pouvons manifester. Ça veut dire qu'on nous offre de l'eau fraîche et que nous pouvons nous servir. Un morceau de quelque chose plus un morceau de quelque chose, un pas plus un pas, voilà ce que je veux dire.



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...ces observations sont additionnées au fil des années...


Nous opérons dans un champ de possibles mettant en jeu des corrélations que nous tissons. C’est pourquoi la conséquence naturelle à comprendre nos problèmes provient des mécanismes de l’univers pour représenter la relation que l’on a au sentiment de notre existence. En réalité nos yeux organisent nos croyances. Il est donc intéressant, quelle que soit cette représentation, d’évoquer ce que les acteurs et les spectateurs identifient à l’origine de leurs parcours. Je veux parler de cette voie toujours au-delà, absolument libérée de toute équivalence, ou bien totalement pleine de toutes les autres, je veux dire cette garantie sans retenue des qualités créatrices de tous nos ouvrages dans toute la force réelle et potentielle de leurs présences. Nous nous emparons d’une urgence de création comme d’une urgence d’évolution. C'est comme si une incroyable force voulait distinctement transformer ce qui n'est pas nécessaire et le rendre opérant. L'art est au cœur du réseau de connexions de tous nos espaces d'existences, tous les morceaux de quelque chose peuvent s'y rencontrer pour s'y tisser. On peut parler de longueurs d'ondes et de fréquences. La matière se multiplie. C'est pourquoi la force illimitée de nos connaissances peut créer ce qui pourrait être une réaction mondiale pour s’occuper chacun de notre propre regard. Le regard vers l’extérieur, au centre du monde, le sujet crée ce qu’il voit. La combinaison des visions crée peut-être la réalité, c'est-à-dire que le voyage ne s'enseigne pas. Par exemple il y a toujours un sol sur lequel nous marchons mais il a y a plusieurs manières de marcher. Ainsi se passe le voyage. En toute conscience nous produisons une certaine quantité d'actions, des événements dans des lieux à chaque fois modifiés avec toutes les histoires que l'on peut raconter parce que nous avons tous une couleur préférée à la recherche de notre contrée. Par hantise ou par défaillance ou même par abondance de nos trajets. Tout ça finalement perdu dans l'espace.



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...sans autre ordre que l'arrivée de ces mots et de ces phrases au jour le jour...


On peut dire ça comme ça: des personnages récitent des formules immobiles et pourtant l'inutile au service du doute perfectionne d'étonnantes raisons pour admettre des routes sans fin jamais tracées. Le parcours n'est pas obligé lorsque l'ambiguïté transitoire de ce que nous pouvons proposer se donne en signes. Ce ne sont rien que des rayons de lumière à travers l'univers. Ce sont juste des questions d'opérations. Tout simplement nous multiplions par x variantes l'ensemble de nos données pour en établir la mesure du monde par la mesure de soi-même. Et nous pouvons nous déplacer d'avant en arrière et d'arrière en avant. Sur tous les horizons. Un enthousiasme sans contrainte jaillit de ces pratiques. Une simple expérience d'un processus sélectionné par le hasard ou le choix comme pour effacer le contrôle de l’enregistrement, c'est juste du visible pour mieux incarner tous nos actes et toutes nos pensées dans la lumière infinie des choses humaines que l'on peut tisser. Parce que les détails détournés et mélangés ne laissent aucun repère chacun devient son propre message, juste soi-même. Nos relations au monde que nous sommes, celui que nous occupons, c’est juste une question de regard, tout dépend de l’échelle que nous utilisons. Disons que nous opérons dans un champ de possibles mais cette structure n’engage rien dans les situations qu’elle crée si ce n’est bien sûr l’inachèvement de toute rencontre lorsque nous tentons de regarder d’un peu plus près l’irréductible multiplicité qui toujours nous permet de résoudre nos difficultés. Nous opérons dans un champ de possibles et nous mettons en jeu des corrélations que nous tissons parce que nous sommes tous les personnages sur la scène. C'est comme un océan et ses vagues, comme des surfaces qui s'adaptent au contexte changeant sur lesquels elles s'étalent librement. Nous y voyons bien des portraits en premiers plans mais un flou sur les bords de l’image.



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...créant une surface sans début ni fin...


Par la mises bout à bout de tous ces quelques choses additionnés chaque situation ne connaît pas son point final. Il y a cette idée que le travail existe bien au-delà de ce qui est montré pour s'étendre tout autour, je dirais jusqu'aux limites du monde entier dans lequel nous intervenons par nos productions et nos pensées. En fin de compte nous vivons un flux de temps éclaboussant comme de la lumière au-delà du définissable. Les mots, les sons, les images, les voix, le silence et tous les bruits sous les immenses vibrations du ciel tout devant c'est un plaisir sans distance, comme un immédiat perpétuel. Toutes nos interventions sont un signe du temps. Sans cesse on voit, sans cesse on entend, sans cesse on peut tout ajouter, sans cesse on peut tout imaginer. Comme un libre principe de respiration, comme une longue mise en scène sans solution, comme une réponse de l'homme et de ses points de vue différents pour peut-être déjà photographier le futur qui nous attend. Voici quelques exemples: l’éloge du multiple et sa diversité, comme une digression des autres sans penser à l'écart, l’énigme libérée du temps fondamental, comme pouvoir se trouver dans l’abandon le plus complet sans être étonné d’avoir quitté la solitude la plus éprouvée, la Terre et ses flots d’un même mouvement, comme une immense tapisserie que nous tissons sur tous les côtés à la fois, la compréhension de ce qui peut arriver et de toutes les choses qui se perpétuent pour signifier, comme l’existence pour habiter l’univers et savoir à chaque âge avec élan conserver le naturel miracle d'un sens élevé du moment, le soleil rouge du matin inondant le sommet de la montagne jusqu’au bas sur les verts pâturages, toutes ces choses si différentes qui construisent nos vies. Le temps voyez-vous chacun doit pouvoir l'imaginer. La vision utilise son propre discours et les objets particuliers de nos existences traduisent la preuve vécue c'est-à-dire la mémoire en déplacement mise à disposition. C'est comme le grand filage d'un spectacle pour de vrai. De quoi donc sommes-nous capables?



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...une surface qu'on peut étirer dans tous les sens...


Ce que l'on voit et ce que l'on entend ne sont que la conséquence de nos actions. Tout ça c'est lié au temps. On ne peut pas supprimer la flèche du temps dans l'histoire de l'univers, on ne peut pas supprimer l'aspect chronologique, donc ici nous abordons la question du contexte préalable à toute constitution de production humaine, comme un morceau de direction sous nos mains et sous nos pieds que nous traçons pour avancer avec toute l'ambiguïté transitoire de ce que du bout de l'inconnu nous pouvons proposer. Lorsque nous construisons nos propres objets pour chacun nos actions l'idée de mises bout à bout de tous ces morceaux de quelques choses nous emmène bien sûr dans une perspective infinie, celle du temps qui devient un point dans l'espace. En conséquence ce que nous voyons mesure une éternité, le mouvement de la vie propage l'infini. C'est l'histoire de notre présence au monde qui nous entraîne. C'est à travers ce passage que la rencontre sera forcément providentielle parce que voir ce qui est exposé permet de voir le monde et l'univers tout entier autour de ce qui est exposé. C’est juste une image dans le paysage que nous occupons et juste une question de regard parce que tout dépend de l’échelle que nous utilisons. Comme une forme de prologue sans fin j'imagine là toutes les existences. Nous sommes nombreux à marcher. Un pas plus un pas et quelques pas plus loin le voyage enregistré laisse la volonté visiter le présent. Nous y voyons un réseau toujours présent de notre temps intérieur à chacun, comme un grand moment d’un désir accessible. Mille fois merci pour vos regards, ce moment justement du désir accessible. Si donc l'art peut s'accrocher sur toutes les surfaces de la vie qu'il peut rencontrer vous voyez que nous avons pris connaissance de tous nos systèmes de communications.



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... pour comprendre et traverser...


En fait je commence par composer l’idée d’un personnage comme dans un programme spatial, un type qui sait comment l’électricité se comporte et qui exerce un contrôle à distance sur les formes, de la plus subtile à la plus évidente et même jusqu’à la plus insignifiante. Qu’est-ce que le mouvement ? S’il y a là quelque apparente immobilité, tous ces millions et millions de personnes qui nous entourent participent de la même et vaste tapisserie cosmique où tout se tient, quelque soit le lieu l’époque et la manière, une sorte de couverture bariolée d’un tout possible pour un temps irréversible que nous voudrions composer. Voici le monde. Il est une pure construction de la conscience et pourtant la perception de son espace nous parait évidente pour assumer sans problème tous nos modes de vies dans toutes leurs diversités. On voudrait tout avoir sous la main parce que l’intérêt de toute connaissance c’est d’ajouter de la connaissance sur nous-même. Tous nos savoirs et nos sens inspirés peuvent facilement imaginer l’inépuisable multiplicité que nous voulons créer si nous savons ce que nous voulons. C’est juste une question de conscience si nous voulons bien le reconnaître. Par exemple nous examinons combien de temps peut attendre l’étape suivante parce que nous sommes en train d’écouter l’infini que notre volonté construit. La pierre angulaire est peut-être unique mais l'ensemble bouge toujours dans le temps. Dans ce sens il faut savoir donner son visage aux images jouées sur la scène distribuée en visions, c'est probablement avec l’œil de la langue que s'écrit notre roman. L’inachèvement de toute rencontre c’est juste une question de méthode parce que nous arrangeons toujours l’histoire pour augmenter notre responsabilité, nous envoyons dans une enveloppe timbrée nos noms et nos adresses pour présenter nos plus simples intentions et toutes les choses imaginables qu’autrement nous perdrions. Voilà donc ma proposition: dominer la compréhension de la vérité devant la réalité la plus lumineuse et la plus sombre en même temps. De quoi s’agit-il ? De l’invulnérable. Tous les personnages mis en œuvre dans un instant donné ne font que refléter l’espace et le temps que sur la scène ils occupent.



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...additionnant de multiples surfaces de regards...


C'est-à-dire que je fais l’expérience de la fonction d’être lorsque que j’assemble les pièces d’un puzzle très incertain. C’est une vision connexionniste de toutes les combinaisons. C’est comme un acte de foi en faveur du temps qui seul peut accumuler tous les détails, depuis l’objet le plus banal jusqu’à l’événement le plus cosmogonique. C’est juste du détail et rien que du détail, des morceaux du monde réorganisés dans des espaces de simultanéités. La méthode alors consiste à choisir les ensembles et définir où nous pourrons être exactement de la même manière merveilleusement différents. Une mise en scène du vertige dans le grand filage pour de vrai. Le déploiement universel. Comprenez ceci. Toutes les situations de la vie dans leurs effets réalistes reproduisent de lumineuses formes repérables en mouvements permanents. Toute création englobe à sa manière l’héritage du passé mais encore celui du futur inconnu parce que toute réalité veut dire produire un lieu matériel pour regarder le monde où chacun peut y faire son entrée. Lorsque l'humanité sur des millions de directions respirent en ce moment nous en assumons la responsabilité, c'est juste un regard comme un clin d’œil à tous nos semblables dans l'instant pour ce triomphe là. Comme des milliers et des milliers de gestes jamais programmés ni écrits ou bien dessinés que nous pouvons inventer pour aussi les intégrer. J'additionne vous comprenez. Et si l'on peut accorder une fonction à ce traité que j'écris laissons lui sans relâche assumer tous les acteurs et scénarios mis en jeu bout à bout, sous la forme d'un processus plutôt qu'une théorie, comme si nous avancions dans des paysages jamais les mêmes intercalés en variations irrégulières. Ces flux de mots construisent une superstructure de l'espace et du temps, une hypothèse en train de se mettre en place d'une manière évolutive potentiellement capable de tout introduire dans son processus pour avancer. La simple question « que peut l'art? » nous en faisons bien sûr ce que nous voulons parce que dans ces vastes paysages l'arpenteur jamais ne pourra chiffrer sa mesure.



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...sur l'art...


Ce n’est pas un programme utopique, c'est plutôt une question de mesures que nous devons savoir dépasser parce que la vie dans laquelle des ondes d’énergies s’assemblent met en place une perpétuelle dimension de projets destinée à concevoir les outils même de la vie. Il n'est donc pas mystérieux de s'accorder sur le rôle fondamental de l'univers au moment précis où toutes les technologies nous donnent une vision très élargie de tous nos espaces de vies. Si nos vies rassemblées peuvent se jouer dans la diversité parce que le parcours n'est pas obligé, on jour on sait seulement l'épisode qu'on peut raconter. L'art dans sa diversité, toutes les situations de la vie, perceptions, comportements, modalités, cultures, accomplissent un style c’est-à-dire une synthèse de nos carences et de nos besoins. A dire vrai nous créons plutôt des manifestations de nos mouvements entre tentatives d’accord et forces contradictoires, c’est une histoire de perspectives, un généreux manifeste de probabilités, il n'y a rien à prouver. Nous mettons en chantier des actions que nous additionnons, c'est l'aventure de chaque homme sur la Terre, c'est la respiration de toute l'espèce humaine sur la Terre pour dire aussi le savoir et le rêve tout au fond des regards dévoilés. L'art se transforme en chute libre du regard pour tenter de rendre le possible tout à fait réel. L'invention de la vie. Nous regardons le ciel les étoiles et les cailloux dans la montagne et tous nos sens avec notre mémoire affective réclament encore d'autres séquences. Il faut donc dire tous les points de vue additionnés, il faut dire l'abandon de notre expérience ordinaire pour l’œil ordinaire, c'est juste une question de mesures quant à l'action que nous engageons. Nous écoutons tous ces corps en fonction, ces neutrons neutrinos particules antiparticules combinaisons compliquées qui nous font exister, nous forçant d'attendre des situations inachevées comme de singuliers espaces aux multiples aventures. C'est la grandeur inexorable de l'appel audacieux de l'univers.



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...sur l'univers...


Tous nos ouvrages ont en commun de jouer ces combinaisons formelles sur des rapports de temps, une certaine attitude qui nous fait ajouter ce qui est à ce qui sera. C'est l'image du temps qui additionne, il y a une infinité de causes et d'effets, le temps les contient tous. Dans ce sens la voix de l'artiste englobe et relativise cette insistance à ramener toujours ce qui l'entoure au creuset de son œuvre. L'espace s'y multiplie. Toutes les positions et toutes les situations en direct pour relire l'énoncé dans ce temps. Bien y suivre la succession de nos actions, les comprendre, comme un philosophe et comme un poète, sans rien ajouter. Reconsidérons donc toute l'espèce humaine. Tout le monde sait combien on doit considérer l'imprévu des rencontres comme une propagation de possibilités provisoires dans le parcours de toutes les chroniques humaines. Toutes les existences constituent un corpus de territoires nouveaux. Qu'y savons-nous pour nous-mêmes? Si nous regardons toutes ces couleurs, indépendantes et solidaires à la fois, tellement qu'à ce point l'illusion ne peut plus maintenir l'erreur dans nos consciences encombrées, seul le détachement peut à chaque instant manifester nos désirs et nos mesures. Si toute forme de création doit ajuster ses éléments sur ses propres capacités, dans tout ce que nous savons nous pouvons nous écarter de l'acquis comme la possibilité de reprises incessantes, comme des endroits non signalés lorsque chacun nous passons. L'art élargit le regard. C'est un sentiment d'ouverture infini qui colle à la peau de celui qui le vit, nous y entendons et voyons l'incantation permanente et sans relâche de nos voix toutes humaines et même peut-être toutes divines. Mon ambition poursuit la démesure de l'univers.



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...sur l'espèce humaine et son cadre de vie...


Qu'est-ce que cela signifie? Vous pouvez en discuter, à votre idée, comme bon vous semble, parce que le vent souffle sur les rochers martiens le vent souffle sur l'océan terrien et que certainement il cherche le bon sens qui lui convient. Une telle hypothèse agit immédiatement pour le monde tout entier. Qu'y a-t-il à faire? Attacher ensemble tous ces morceaux mosaïques à l'échelle planétaire pour atteindre l'univers tout entier. Nous vivons à l'époque des réseaux qui nous permettent de tisser et d'entrecroiser, notre vision accumule, c'est pourquoi nous n'avons pas à craindre le temps parce qu'il agrandit nos surfaces de respiration. Toutes ces pensées, dans un espace et leurs formats, toutes se rencontrent et se croisent. Et c’est là toute l’histoire, le film de chacun se donne en signe, c'est toujours le commencement derrière le flux continu. Nous œuvrons donc au service de la vie lorsque nous voyons la signification de tout ça. Alors les plus profonds sujets, tous les malentendus compris, accordent alors à l'esprit un réservoir pour chacun y tisser ses propres tentatives. Lorsque toute force où que ce soit dans le monde essaie de se surpasser le paysage s'allonge sous nos pas, comme une impression de décalage et de vertige en un seul regard sur tous ces instants. Ça nous est toujours agréable n’est-ce pas d’entendre le bruit du torrent dans les montagnes en plein été. Par exemple quand il y a grand vent on entend passer les images du paysage que nous occupons, tout ça c'est comme un bruit d’une prodigieuse certitude. Et si nous regardons bien tous ces motifs, les pierres et les étoiles, le silence des oiseaux qui s’envolent dans la montagne, la vision colorée de corps en mouvements comme des ballons colorés lâchés dans le vent, les voix de toute l'humanité depuis ses premiers balbutiements dans les premiers temps, des sons qu'on entend dont on ne sait pas trop ce qu'ils sont, toutes nos particules en mouvement, tout ça à compléter sans retenue, on note alors, à coup sûr, qu'il se passe quelque chose d’absolument capital parce que nous voyons vraiment notre propre présence dans cet universel champ d’énergie.Ce qui nous arrive n'est pas un espoir mais l'objet de tous nos savoirs.



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...sur notre quotidien...


Si les réponses aux bonnes questions ne sont pas simples, à chaque opération pourtant la simplicité du résultat comme une aventure provisoire toujours x fois pratiquée peut facilement se conjuguer, à tous les temps parce qu'il suffit d'ajouter. Tous les objets et sujets additionnés en même temps déclinent alors une somme persistante mais toujours variées et mélangées comme une œuvre à l’œuvre dans le contexte qui la reçoit. La splendeur du temps jaillit de tous ces entrecroisements. Nous appartenons c'est sûr à l'infini. Nous pouvons y vivre sans inquiétude et sans impatience. Nous faisons confiance au temps qui se marque alors sans équivoque comme quelque chose de notre présent. Mes surfaces aménagent le temps pour appliquer ce qu'il énonce, un flux dynamique même si très incertain dans tous ce que nous savons. Il me faut le temps qu'il faut pour essayer de nous rendre possible cette expansion progressive. Des pensées artistiques et créatives comme un principe moléculaire sur chaque perception. Sur tous les terrains. C'est un tissu d'activité en pleine vitesse, un dispositif qui se trame, quelque chose qui se passe. L’élan de nos yeux. Je dirais que c'est amoureusement la vision divine de la suprême prétention sous les éclairages d'une nouvelle forme de magnificence, comme le clapotement du monde à portée de ma main, comme des bonds éloquents pour agrandir la magnificence déployée de quelque espace éternel. L'existence sur tous les côtés en même temps. On dit que le vent souffle là où la vigne a poussé, replaçons-nous où nous sommes et nous verrons.



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...sur la vie d'artiste...


Chaque pas est un premier pas. Notre point de vue actuel ne suffit pas. Pour voir le monde et tout l'univers il nous faut voir tous les temps et tous les espaces du monde, c'est le fond sur la surface, les yeux ouverts sur l'infini moment. C'est l'existence de nos œuvres pour manifester la texture de toutes nos empreintes, c'est comme un jeu de correspondances réelles ou bien imaginaires de divers scénarios mis en scène, comme des pensées intérieures plus ou moins reconstituées pour mieux les visiter. Nous portons avec nous toutes les combinaisons possibles de toutes nos pensées et de toutes nos actions qui en découlent lorsque justement nous créons les œuvres que nous voulons manifester. Nous additionnons, nous multiplions, nous voyons dans tous les sens, à n’en plus finir. La voix du monde ne réclame pas l'adhésion mais la participation lorsque nous devenons les visiteurs de tous les rêves humains. Lorsque nous nous replaçons là où nous sommes, comme dans l'urgence de dire l'essentiel et son inverse, toutes les voix, bien au-delà des mots, nous racontent le monde qui les contient. Chaque voix peut faire écho lorsque nos manières et nos habitudes nous placent sur la scène à tous les âges de notre monde, comme une surface sans début ni fin qu'on peut étirer dans tous les sens. Nous sommes dans l'addition entourés de tous les chants possible. Nous rencontrons la variété des situations comme un cadeau possible. En enregistrant une situation de notre vie nous traversons l'océan du temps et peut-être même donnons-nous une histoire à l'éternité pour rendre intelligibles toutes nos connaissances et tous nos désirs. La mouvance de l'eau sur le vaste océan nous arrête et nous repose. C'est le sens de la nature, à savoir organiser sa réelle beauté dans toute sa raison d'être. Tranquillement nous faisons confiance au temps parce que c’est juste une question de mesure quant à l’action que nous engageons. Et ça fonctionne. Ce présent affirme une conception de l'expérience au-delà des exigences du connu comme une pluridimensionnalité offerte à tous nos sens. Qu'y voyons-nous alors? La splendeur de toutes nos créations comme un accroissement du monde où nous sommes. L'art prolonge la vie.



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...sur la multiplicité...


Ainsi mon propos n'est pas formel. C'est en raison de ça qu'on peut le confronter à son pouvoir. L'art est une simplification de la situation et la raison de ce phénomène est une conception de l'univers en vibrations comme une vaste palpitation. L'esprit de l'énergie si vous voulez. Voyez les montagnes, voyez le bleu du ciel, d'un ciel à l'autre la lumière sur tous les terrains, sous cet aspect il n'y a pas de réelles limitations parce que pas de réelles difficultés à pouvoir exister. Là je voudrais parler de l'interrelation de nos existences par nos perceptions et toutes nos connaissances. C'est l'équilibre et le non-équilibre de ce qui nous construit et nous freine aussi. Des irrégularités sur la surface. C'est l'universelle répétition et ses perturbations mise en scène. Peut-être quelque chose comme une forme de délices du monde en pleine conscience d'une satisfaction haute et profonde de son pouvoir de transformations. On édifie une œuvre pour faire avancer le temps. Si cela nous amène à nous inonder de sentiments c'est dans tous les cas le moment d'analyser le rôle de notre protection devant tant de grandeur à chaque regard. Le processus de notre identité, dans n'importe quel jeu, partout, à chaque instant, réalise cet écart avec notre biographie. C'est tant de nos forces et ce qu'on voit et ce qu'on entend ça n'est que la conséquence de nos actions, de l’action voyez-vous, n’importe quelle action, parce que grâce à l'univers et ses lois c'est toujours la même réponse dans le courant du succès, comme une grande joie qui flotte dans l'air. Tous nos corps peuvent y décrire une trajectoire au milieu de tous nos savoirs. Sur la table des conversations humaines mes sentiments et mes paroles examinent l'émotion provoquée par la présence magique mais bien réelle de tous les sujets apportés depuis les débuts de l'humanité. Chaque possibilité de création reste toujours provisoire. N'est-il pas plus simple de dire que toute activité créatrice métamorphose toute représentation en traces de territoires d'espace et de temps. C'est toujours une sorte de défi à l'attraction terrestre du moment, un moment naturellement prodigieux, comme sur la crête d'un équilibre instable. On ne fait que passer.



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...sur plein de possibilités...


Ainsi ces textes additionnent des suites de regards au jour le jour sans autre ordre que leur arrivée à la prise de conscience qui les produit. Sur l'art et l'univers. Sur l'espèce humaine et son cadre de vie. Ce sont aussi des notes de lectures et des banalités, des fragments de commentaires et des analyses du travail qui m'occupe... Tout ça en forme de surfaces qui s'étirent sans début ni fin dans tous les sens sans message définitif parce qu'il faut prendre ces notes pour ce qu'elles sont, juste des propositions toujours inabouties dont chaque lecteur peut s'emparer pour en faire ce qu'il veut. Il n'est pas nécessaire de prouver pour introduire des possibilités d'interprétations, on peut établir nombre d'exemples dans ce sens. Par exemple les contradictions du monde. Elles signifient bien sûr l'expérimentation obligatoire de l'avenir que nous créons mais aussi la mise en évidence de significations plus ou moins claires que peuvent poser nos questions. Quelles raisons donner? Ce texte en forme de manifeste ne donne aucune explication, il est comme un film tissé, seulement une conséquence visible. C'est ce réel reconstitué qui nous intéresse en priorité. Chacun y aperçoit finalement plusieurs existences au-delà de son raisonnement, il suffit de bien voir toutes ces images comme un flux de consciences c'est-à-dire une simple modalité du visible comme une exploration spatiale en forme de preuve par x fois sur toute la surface. Le perpétuel et l’infini, la déformation du son dans son son écho, les hirondelles qui reviennent, ces instants rayonnants, leurs odeurs et nos oreilles, nos yeux et nos ambitions embrouillées, l’immense réalité immobile amassée devant tous, tout ça c'est une histoire d’amour, inlassablement, c’est un peu ce que je veux dire. Tous ces quelques choses peuvent arriver comme une grande chorégraphie sur la scène en pleine lumière.



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...sur chacun au plus profond de lui-même...


Mon concept du monde comme une grande surface commence de cette manière et tout le monde peut participer. C'est juste quelque chose pour tous sans se soucier du comment c'est fait. Mais pour ceux qui s'intéressent à l'art et à toutes ses petites questions d'ordre et de composition, la solution la plus directe dans ce que je fais a été de les remplacer par une organisation en fragments additionnés qui sont juste juxtaposés ou bien superposés. C'est seulement un morceau de la surface du monde et il n'y a rien à perdre à vouloir y ajouter chacun sa propre réponse et chacun le peut à sa manière parce que la perception du temps en forme de surfaces pour manifester la créativité de toutes nos pensées met en évidence l'éternelle situation des événements que nous créons quelle que soit justement cette situation. C'est une pensée du temps perpétuel à partir d'ici pour rendre visible la vie, comme une promenade au milieu de publicités pour toute l'humanité. Tout lieu additionne une mémoire en déplacement comme un jeu de maillage de l'espace et du temps par delà toutes les cultures et leurs valeurs prédéterminées. C'est un état d'art intense et sûrement joyeux au commencement duquel toute sentence doit disparaître si l'on veut dérouler toutes les dimensions de nos créations. Tous ces fragments mis en œuvre bout à bout à très grande vitesse variées et mélangées s'additionnent à chaque instant. Contradictoires et complémentaires, projetés en dispositifs comme une suite de spectacles dont nous prenons conscience, comme des chiffres à l'infini pour raconter les endroits les plus secrets de chacun dans le monde, ils peuvent à ce niveau d'échelle dire notre univers pour chacun. Une connivence de signes pour tous les siècles en un seul instant. Comme des lois physiques à titre d'essai permanent. Mon travail implante un réseau d'espace dans un temps aux contours infinis à partir de ce moment là. Le plus souvent il y a donc possibilité de raconter et de transcrire le choix d'un déploiement de surfaces dans tous les sens. C'est comme une mise en scène de l'existence du monde et de toutes ses entreprises. Nos rapports avec le monde tendent à s'étendre vers l'infini. Tous les chemins sur lesquels nous pouvons marcher s'additionnent comme une promenade dans le temps. La mémoire alors fonctionne comme un collage pour révéler le temps d'appropriation du territoire que nous occupons. Ce qui se passe là devient l'expérience de chacun que le lieu traversé se contente de révéler.



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...sur le temps qui comprend tout...


Vous voyez que la fonction de l'art est à redéfinir à chaque intervention d'un artiste. Tout le monde a des yeux et des oreilles dans cette libre jouissance, il est inutile de croire en ceci ou cela, nous n'avons pas besoin d'adhérer mais seulement de participer. Nos yeux se promènent pour orchestrer la lumière. C'est peut-être quelque chose comme une forme de délices du monde en pleine conscience de notre satisfaction. Créer c'est espérer. C'est l'exclusivité de chaque regard. Lorsque nos contradictions nous enseignent que des espaces libres à tous moments viennent rencontrer nos propres espaces de créations c'est l'accomplissement de chacun dans sa vie à son propre niveau de complétude. Ce que je vois et ce que j'entends prend l'allure d'un amas déployé temporairement combiné dans tous ses composants quelle que soit la situation. Des réseaux de connexions porteurs de significations. Des formes de réponses possibles en cet endroit comme des sortes d'évidences éventuelles en bien d'autres endroits. Un canevas visuel et sonore pour chacun pouvoir apporter son regard. Dans ce sens il ne s'agit plus de mettre l'art en exposition mais en action pour connaître, transmettre et proposer de superbes lieux pour savoir commencer à marcher. L'écho de nos voix dans le silence n'emploient que ça, des positions autonomes inviolables comme un appel silencieux de toute pensée dans son ambition. Toutes nos actions sont opérationnelles si nous les mesurons. Le monde verra. C'est comme une promenade de loin ou bien de près, comme une grande représentation sans déclaration.



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...sur nos contradictions...


Et sûrement bien d'autres situations peuvent nous être présentées. Comme les mille enfants de Turin que John Cage nous racontait. Il n'y a pas de leçon. Ce qui reste en surface s'intègrent à l'image où que ce soit dans le monde, simplement pour voir ces régions de la conscience resplendissante nous écartons l'espace qui les entoure comme un point zéro pour savoir peut-être mélanger tous les points de vue qu'on pourrait additionner. Bien d'autres propositions dans d'autres domaines reprennent les éléments de ces évidences originelles, nous y voyons comme un énorme tissage, une reconsidération peut-être du rôle de l'art pour répondre à cette considération. C'est comme une multiplication relative et provisoire aux dimensions d'un ensemble dépassant l'expression de la réalité. Alors les moindres effluves issues de l'orchestration de nos œuvres projettent comme un principe moléculaire sur chaque perception que nous mesurons. Je veux dire que dans nos aspirations singulières et notre besoin d’agir, comme une perpétuelle métamorphose de l'inconnaissable en un superbe tissu que nous essayons d'étaler pour mieux le voir, c'est toute l'humanité possible qui voudrait apparaître. Y pratiquer l'éloge de la rencontre peut révéler des mondes. La perception du voyageur c'est que certainement le moindre souhait peut ouvrir des portes sur des lieux de passage. Voilà donc des œuvres au centre du monde lorsque nous apportons à qui veut bien respirer ce qu'il peut trouver ( le parcours n'est pas obligé, les dénominateurs ne sont pas forcément communs), c'est une belle façon de dire l'occurrente efficience de nos sentiments parce que la formule est à chaque fois nouvelle dans l'ambiguïté transitoire de ce que nous pouvons proposer. Ce qui donc nous est ici confirmé célèbre par une sorte de transcription tous ces fragments mis en œuvre bout à bout, comme une forme qu'il ne suffit pas d'expliquer. Ce qui se passe c'est seulement la scène insolite d'un livre ambigu dédicacé à tous les hommes du regard. Les parties se suivent et se cherchent, nous avons beaucoup de situations pour expérimenter.



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...sur le besoin d'une méthode de travail au-delà de l'expression...

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Les signes composent une partition, la vision module nos conceptions et puis on fait les présentations. La formule est à chaque fois nouvelle dans ce programme d’occupation de l’immédiate existence parce que des portraits se rajoutent, se juxtaposent et se superposent, c'est l'espèce humaine qui passe, avance et construit. Multiplier les possibilités pour continuer c'est rencontrer le provisoire en passant. L'expression alors se découvre derrière l'organisation de combinaisons d'inventions et le créateur doit savoir devenir attentif aux résultats de ses trouvailles lorsqu'elles bouleversent toute forme de classement. Sa force de dépassement lui fait éprouver la certitude de ses impulsions, c'est une jubilation dynamique bien au-delà de toute conception humaine de positions bien ou mal assurées. Ce que nous pouvons enregistrer alors se recoupe et se croise pour comprendre à chaque endroit les bienfaits de la multiplications et, si l'on regarde de plus près, autrement, le sens de tout ça c’est bien un acte de foi en faveur du temps qui seul peut accumuler tous ces détails. Cette formule absolue, mise à nu, c’est juste la valeur d’une vie dans laquelle chaque pas est un premier pas parce que notre point de vue actuel ne suffit pas pour voir le monde et tout l'univers. A quoi sommes-nous tous reliés? J'entends le bruit du vent qui souffle et de la mer qui se brise sur les rochers, l'explication du fait se trouve dans les choses qui augmentent le nombre des actions possibles sur toute la surface du monde où nous sommes. Qui saura compter? Voilà pour la complexité. De loin l'introduction de toutes ces incertitudes paraît être une incitation comme un prétexte à des dispositions involontaires pour accomplir le principe fondamental de la méthode dans la construction de tous mes ouvrages. Comme Isidore Isou je veux semer des surfaces immenses. Mais il n'y a pas de possibilités sans idée préconçue pour imaginer la suite.



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...sur des situations que nous pouvons expérimenter...


Je crois qu'il faut s'intéresser aux transformations de l'art par l'arrivée de l'électricité. Aujourd'hui la trame mosaïquée de tous nos écrans de télévisions et de moniteurs d'ordinateurs fait l'éloge de la multiplicité fragmentaire de l'image et du son. L’évaluation de tout ça justement ça n'est rien d'autre que cette chose de lumières et de couleurs sous des appellations différentes. La lumière à partir de là triomphe comme une vision divine de la suprême prétention sous les éclairages d'une nouvelle forme de magnificence, quelque chose comme un regard vif et serré, comme un écho dynamique dans l’anonyme et parfait présent que nous pouvons traverser. Ce que nous voyons et ce que nous entendons n'est que la conséquence de nos actions, voilà ce que je me représente le soir venu pour achever la journée. Y a-t-il une bonne place à laquelle il faudrait arriver? Cet éblouissant voyage en pleine lumière nous stimule pour commencer la traversée. Où s'en va donc le sens? Chacun nous arrivons, notre savoir nous pouvons l'offrir avec toutes les intonations de nos rires, la transformation de nos interprétations, la distribution de nos trajectoires immédiatement repérables au-delà des limites de nos connaissances nous emmènent alors où nous voulons. C'est l'envie de l'art bien au-delà de l'art pour accroître le jeu des interférences et des rencontres. Cette attente prend fin là où se joue la rencontre à l'arrivée, un peu comme l'oisiveté très active de Thoreau pour simplement venir au monde qui l'accueille, une sorte de mise en exhibition de nos représentations dans un inachèvement permanent. Toutes ces actions multiplient l'expérience en reconnaissant le présent là où le meilleur point de vue peut composer l’envers et l’endroit, si denses et fragiles à la fois. Les odeurs mêlées murmurent l'endroit exact, tout ça dans le même temps.



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...sur notre participation et l'expérience de chacun...


Le canevas n'exclut pas les faces cachées qu'il ne montre pas. A perte de vue sous de multiples aspects des ondes nous transpercent, n'importe quelle chose peut s'établir dans toutes les directions, nous pouvons emprunter bien des procédures à d'autres domaines de créations. La productivité des créateurs invitent à la découverte du monde et de ses constituants, nous ne nous arrêtons pas chaque fois que nos vies supportent les grandes idées de nos existences. Lorsque Raoul Hausmann dit que le Sens-Temps-Espace est le principal de nos sens, il ne s'agit pas de possession mais de l'esprit de l'énergie. Dans toutes les directions nous devons attacher beaucoup d'importance aux détails de nos vies. Pour tisser les morceaux de la tapisserie du monde où nous sommes plusieurs manières sont visibles. C’est ça ce dispositif, les opérations se poursuivent jusqu'à l'infini de la multiplication. Action, présentation, mixage, et manifestation. Dans tous les sens. Une construction mosaïquée par juxtapositions de morceaux qui peuvent aussi se retrouver réemployés dans plusieurs pièces de la tapisserie. Comment les définir? Des blocs d'espaces et de temps. N'importe quelle chose peut s'intégrer au processus. Nous voyons tous les choix possibles et nous additionnons, toutes ces surfaces incarnent un continuum d'existences par l'action qui les crée, 440 millions d'années auront été nécessaires à notre système solaire pour se former et donc nous promouvoir. Le film de notre intelligence - merveilleusement, doucement, je suis donc sûr que c'est édifiant – c'est d'abord une excitation c'est-à-dire des illusions puis quelque chose qui arrive. On voit le film en train de se faire parce que la lumière existe même dans l'obscurité. C'est cette idée que les conventions inutiles qu'on promène pour cacher la précarité de nos situations deviennent alors inconcevables lorsqu'on les imagine ici comme donc dans un film. Ce tissu du patchwork de la vie réquisitionne toute notre attention parce que tout se tient dans la réalité du monde où nous sommes, tout se réalise cachant tout ou en partie pour en faire des ensembles, toutes nos promenades rencontrent des morceaux et des fragments de quelque chose que nous additionnons au hasard du flux de chacun nos déplacements.



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...sur l'ordre et la composition pour ceux que ça intéresse...


Que faut-il comprendre? L'action du moment dans toutes ses combinaisons produit au-dessus de la scène comme de la lumière pour élargir le rayonnement de la vision générale du monde où nous sommes. Le monde se met en vitrine. D'une manière ou d'une autre. Nous vivons sur des invitations si nous savons les déceler, c'est juste une question de recul sur le temps, comme une histoire d'amour inlassablement et ce qu'il y a de sûr à ce moment c'est ce que nous pensons à ce moment. L'action de l'artiste nous pose la question de l'art en direct, le résultat final est en ce sens la conséquence c’est-à-dire dans tous les sens du temps de loin ou de près quelque chose d'important ou pas c'est-à-dire l'ambiguïté transitoire de ce que nous pouvons proposer c'est-à-dire une forme d'intermédiaire réalité pour entraîner notre vie au mieux de sa forme irréductible. Au fond comme dans la Parade de Seurat nous devons toucher le sol sur lequel nous voulons marcher et chaque détail y renvoie à l'immensité. Et dans ce sens de la mouvance de toutes nos actions, toutes ces choses en même temps se laissent facilement appréhender pour découvrir en ordre dispersé des impressions similaires ailleurs si nous savons marcher. Imaginons Giotto sur son échafaudage plein de notes éparpillées, considéré sous cet angle l’ineffable confère une place à part au regard élargi derrière la causalité de l’espace et du temps. Nous orchestrons le choix du lieu pour inscrire à chaque instant le son de nos voix.



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...sur quelques lieux traversés...


Rien ne vaut la fête et l’enthousiasme d’un voyageur dans l’univers. Pour ça il me faut définir les besoins pour continuer plus facilement dans les mesures de l'étape présente. Ce que je dis n'est important pour la méthode qu'autant que l'apport présent qui se joue ici peut créer bien au-delà des valeurs connues des moments de joies suprêmes et même de révélations. La portée signifiante de nos actions, à la fois dans l'espace et dans le temps, mène à l'organisation d'énergies transformatrices pour avancer dans nos explorations. Un provisoire spectacle sans cesser d'accumuler l’indéfinissable à la conquête des figures du monde. L'univers dès lors manifeste notre propre existence comme nous manifestons la sienne. C'est comme un réseau d'ondes pour construire le monde où nous sommes, un jeu de maillage de l'espace et du temps que justement nous tissons par nos actions, c'est créer pour exister, inévitablement passer quelque part, aller mieux toujours, c'est l’effet présence immuable, c'est le temps sans l'impatience de l'attente. Nous appartenons c'est sûr à l'infini. Les 100 milliards de neurones de mon cerveau s'additionnent aux 100 milliards de neurones de tous les cerveaux de l'espèce humaine depuis ses débuts sur la Terre jusqu'à la fin ou bien la non fin de son existence sur la Terre ou peut-être même ailleurs un jour. C'est comme une promenade dans la rue qui nous fait additionner tous les morceaux de quelque chose qu'on peut voir et entendre, c'est comme si nous enchaînions les séquences sans liaison, juste sur la même bande. Il suffit de regarder toutes les existences, à tous les temps conjugués. Reste donc à admettre des faits évidents variés et définis nécessaires à l'existence de tous les corps. C’est ici que commence gaiement répandu le plus grand rêve de chacun. Tous nous sommes installés dans l'immuabilité colorée d'un grande mosaïque étalée à laquelle nous pouvons donnez notre attention. Le problème est de savoir voir et comprendre la présence attentive de tous nos pas possibles, des choses comme un révélateur tout autour, un supplément d’expérience qui fait ici joyeusement son irruption. C’est ça ce dispositif, les opérations se poursuivent jusqu'à l'infini de la multiplication, dans tous les sens. J'essaie de voir.



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...sur tous les sons qu'on pourrait additionner...


L'interrelation des connaissances, toutes ces pensées, les constantes et les variables, tout ça n'est pas la course au plus fort mais plus joyeusement une addition des apports. De ce point de vue nous nous apercevons de l'existence pour ainsi dire avec nous lorsque nous rencontrons ce qui nous concerne. La surface de l'écran du temps continu, si l'on regarde au présent, c'est une grande représentation, ce qui reste dans le moment d’ici, comme des figures sorties du tableau, comme ces notes qui deviendront un autre morceau de l'espace. L’immédiateté dans la mémoire s'approche sans bruit pour asseoir en un seul instant tous ces éclats de voix bien au-delà des langages et nous avons confiance parce que les regards sont différents et que ce que nous voyons c'est le vécu de l'image combinée d'un temps disons peut-être sans orientation, comme une émanation du point central que nous sommes dans l’infini que nous respirons. D'ailleurs on imagine très bien des rapprochements instantanés, des télescopages sans ordre apparent, comme un spectacle étalé sous nos yeux, avec cette énergie inépuisable d'un trop plein de vigueur, chaque instant avide de sa part recyclable. Tout ça c’est quelque chose d’actuel, tout le monde à ce jour depuis longtemps regardent ensemble tous ces temps différents. C'est comme la promenade dans la rue qui nous fait additionner tous les morceaux de quelque chose qu'on peut voir et entendre en même temps. Voilà une histoire d'addition, c'est un réel bouleversement, nous ajoutons quelque soit la situation. Pourquoi je dis ça? Parce que je n'échappe pas au paysage qui me contient, c'est juste une question d'échelle jusqu'aux dimensions de l'univers. Le temps n'en finit pas de resplendir et l'accélération de la circulation de nos informations nous impose de travailler sans protection face à l'inconnu que nous découvrons. En plein jour.



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...sur les fausses questions de style qui nous ennuient...


Puisse ce jour nous sauver, ce jour où le visible comme l’écho des autres mondes au milieu de l’univers interprète tout cas particulier. L'équivalent de tout voir si vous voulez. En fait toute situation déploie la surface-temps de l'univers, que nous appliquions ou non notre conscience à le savoir, parce que tous les jeux sont possibles dans l'univers, toutes les combinaisons. Regardez par exemple les montagnes, en permanence elles imitent le mouvement impassible d'un regard infini, sans bruit, comme un long processus tout au long de notre épopée. L'imagination peut désormais pénétrer la certitude de l'art comme une pratique toujours en direct, un long travail illimité comme un acte capital qui permet quelques autres, comme une distance à l'intérieur, une mise en circuit qui s'ouvrirait dans l'évanouissement du silence comme une cohabitation de temps différents peut-être, quelque chose comme une grammaire universelle sous des éclairages justement différents parce que l'art peut offrir ce moyen de jouer entre tous les hommes de tous les temps et bien sûr de tous leurs lieux. Mais je n'affirme rien, j'essaie d'exprimer bien haut une sorte de lumière et j'imagine les parties étalées comme de vastes espaces infinis, comme des jardins précieux, des lieux délicieux étalés sous nos yeux. J'additionne tous ces fragments de mosaïques comme une absence de prédiction fondamentale et chacun est libre d'entrer ou de sortir, chacun peut bien interpréter comme il veut, comme un chant à jouer à plusieurs voix, quelque chose comme une tapisserie sans début ni fin, sûrement la surface du monde où nous sommes. A travers ce visible de ce point de vue je suis tout le monde, peut-on comprendre à quel point? Ce temps pour vivre comme un grand filage pour de vrai, avec beaucoup de spectateurs, avec toutes sortes d'interférences, avec même des prolongations nécessaires, tout ça nous le mettons en scène, mais ce n'est pas du spectacle illustré, c’est juste un regard sur des voix qui s'additionnent. Chaque visage apparaît sur l'écran recouvert d'une bande-son collective et nous cherchons l'exception. Merveilleuse et légère distance ce qui finalement reste possible, tout le monde peut en repérer les détails comme une mémoire en forme de sculpture anonyme dont peu nous importe le style.



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...sur la mémoire comme un collage...


Je veux seulement dire qu'on peut être là aujourd'hui dans ces conditions là d'un univers qui n'a pas de limite lorsque le vent coule doucement à travers les montagnes en gardant ses mystères. Le temps dans l'univers nous est-il personnel? Voici la condition première, cette image de soi-même en un seul point quelque part dans l'infini, toujours prête à être utilisée. Chaque formule particulière à cet égard trouve une solution parce que tout ce que nous faisons devient en réalité capable d'émettre une manifestation du temps qui nous englobe tous, tout point particulier de cet espace sachant l'existence des autres points particuliers de cet espace. Que voit-on? Le film de chacun. Voilà pour l'exposition de la situation. Pour cette grande représentation quelque chose de toujours tout aussi incernable peut seulement posséder un titre provisoire parce que ça n’est jamais assez finalement cette impression forte de liberté dans la lumière chaude et précieuse de nos voix mélangées qui peuvent alors toutes se rencontrer. Il suffit de marcher dans tous les sens vers le soleil et les autres étoiles au plein milieu du paradis. Ainsi vivons-nous! Lumières et sons sur la surface de la terre, plusieurs paysages, toutes les tentatives se raccordent comme un point référence et c'est là sûrement ma révélation. Pour quelles évidences? Pour quels auditeurs? Dans la solitude quelques mots deviennent de plus en plus mélodiques en se répétant. Toutes ces notions si nous envisageons l'ensemble interprètent tous les cas particuliers. Tous ces morceaux d'actions se succèdent pour composer l'espace et c'est une inaliénable félicité de savoir simplement les accoler parce que l'organisation commence à chaque liaison de deux éléments simplement juxtaposés. Toutes ces surfaces, transcriptions jamais intégrales, tous ces mots mélangés, une phrase pour une phrase, tous les sons possibles, les galaxies, les amas, les super-amas, beaucoup moins, beaucoup plus, etc., c'est d'une manière absolument active la reconstitution opérationnelle tout simplement manifeste de chaque être dans l'univers.



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...sur les temps d'appropriation des territoires que nous occupons...


Une formulation précise paraît difficile parce que tout ça n'est qu'une histoire d'énergie comprenez, de combinaisons à chaque fois inventées. La fréquence des ondes nous le savons c'est l'exception mathématiquement expliquée de toute force en mouvement. Tous nous y sommes. Tous nous connaissons l'occasion de situations pour entrouvrir dans le ciel de merveilleuses images. Prodigieusement artiste j'assume même l'ineffable comme un état naturel à tout être vigoureux au-delà de ses limitations parce qu'il me plaît d'établir d'éclatantes parties belles et prospères pour l'homme dans sa grandeur s'il ne s'inquiète pas des modèles. Je peux aller où me sollicitent les circonstances. Il n’y a pas de mesure pour l’histoire du passé, je vois l’immédiateté dans la mémoire de tous nos actes comme une promenade qu'il ne suffit pas d'expliquer. Le temps s'étire, c'est pourquoi nous devons continuer notre voyage et franchir la danse de notre époque parce que tout lieu additionne une mémoire en déplacement comme un jeu de maillage de l'espace et du temps. Les opérations se poursuivent jusqu'à l'obscène de la multiplication, c'est ça ce dispositif, d'heures en heures des lieux conquis sur tous nos espaces échangés. Qu'avons-nous donné? Tous les contextes. Par exemple tous ces textes sous la forme d'un long récitatif résultent peut-être de combinaisons approximatives comme une surface sans début ni fin, comme une addition de petits tapotements sur les objets les plus banals de notre quotidien, mais simplement rayonnent sans nécessité d'utilité comme un point de l'espace à chaque instant du temps de tous les temps additionnés. Présentez-vous je dis, personne ne juge personne, mais n'oubliez pas, tout ce que vous direz se dressera complètement face à vous. Si donc nous sommes résolument prêts à chanter tous les airs ambitieux que l’on peut inventer, ne pourrait-on pas faire des œuvres indéfinissables? Ne pourrait-on pas décomposer tout notre prétendu savoir, quelque chose en forme d'ébauche permanente?



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...sur la fonction de l'art à redéfinir pour chaque intervention d'un artiste...


Il est temps que nous nous aidions sans indiscrétion. Tout le monde est invité. De partout à la fois des portraits en premiers plans comme un provisoire spectacle et chacun peut aller de son côté pour écouter. Nous n'avons aucune raison de décliner l'invitation. C'est pourquoi je veux poser et transposer ensemble de vastes paysages, je veux me débrouiller dans cette lumière infinie avec toutes ces choses humaines que l'on peut tisser. Je vois tous ces corps vivants et morts ces neutrinos particules antiparticules et ces combinaisons compliquées qui nous font exister. Dans une éternité rien ne m'effraie. La variété et la diversité des choses du monde nous force d'attendre des situations inachevées pour contempler sans limite la multitude des gens du monde parce que l'énergie de l'existence opère à travers nos faits comme une multiplication dont le résultat s'il découle de nos convictions les dépasse en toute conscience comme une reconstitution de l'univers à l'infini. Toute forme d'action retourne à l'univers. C’est tout ce dont je parle. Une certaine attitude qui nous fait ajouter ce qui est à ce qui sera. A l'image du temps qui additionne. C'est le travail du temps comme cette sensation tu la connais qui consiste à mettre une bonne paire de chaussettes lorsque tu as froid aux pieds. Et lorsque tu arrives ton savoir tu peux l'offrir et tu peux morceau par morceau récupérer du sens en retour. Tu peux juxtaposer, mélanger, tu peux s'y a lieu perpétuer une logique vibratoire à l'inverse d'un état déjà simplement défini, tu peux faire ça. Toutes les versions. C'est quelque chose de tout à fait normal. Il y a plusieurs manières de marcher dans les montagnes.



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...sur notre jeu de maillage de l'espace et du temps...


Comment donc je travaille? Eh bien la structure sera la conséquence de la méthode. J'utilise le plus souvent des matériaux simples directement livrés à domicile par la boîte aux lettres, l'internet et la télévision. Puis il est nécessaire de décider comment procéder. Je redistribue donc des éléments déjà existants, le développement de la méthode transformant les données bien au-delà de toutes les paroles prononcées. Et c'est ce que nous voyons, toutes sortes d'interférences parce qu'une telle hypothèse agit immédiatement, elle s'exécute pour le monde tout entier. D'une façon ou d'une autre dans le monde les cieux directement revendiqués renversent et défont les limites de l'habituel consensus, même pour des cœurs bien intentionnés, je veux dire qu'il n'y a pas de « ou bien » « ou bien », seulement des additions. Nous vivons à l'époque des réseaux qui nous permettent de tisser et d'entrecroiser. Voilà pourquoi nous attribuons partout à la fois l'évidence nécessaire d'une appropriation distante de tout l'univers. Après ça va tout seul, il suffit de bien lire nos rêves et les satisfaire. Même si la peur résonne nous savons qui sont les joueurs et nous pouvons entrer. Qu'avons-nous appris? Des indices pour chacun se trouver. Dans l'univers de notre âme les calculs se combinent du dedans du dehors sur le même mode d'un corps marqué par la langue. Maintenant donc nous savons ce que nous désignons. Il nous suffit de regarder. L'artiste multiplie les formules montrant les étendues et les manifestations d'un travail qui peut occuper tous les lieux en plein d'autres exemplaires, un vaste étalage, à la fois présence et absence sur la scène en mouvement, juste un grésillement sur la surface, une trame à l'infini, on peut fort bien imaginer, tout le monde peut y repérer les détails et participer, l'artiste ici ne veut pas nous encombrer mais seulement nous faire participer. Chacun y entre avec sa vie. L’expérience immédiate. Les rapports entre les gens et toutes leurs actions. L’idée que nous allons où nous pensons.



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...sur la mise de l'art en exposition...


Tout le monde affine sa vue dans sa propre perspective. Tous ces lieux que nous empruntons, les simples diversions qui nous amusent, les vastes paysages que nous découvrons, l'été tout au bord du ruisseau, toutes ces formes repérables, sans preuve et sans raison, le besoin d'exception aussi, toutes ces phrases accolées, nos voyages, les dates notées sur des agendas pour ne pas les oublier, chaque situation dans le monde tout entier, tous les événements à la fois, cette étrange équation du drame et de la renommée qu'on voit trop souvent sur tous nos écrans de télévision, nous buvant du thé, le paysage qui déroule son image, tous ces milliers et milliers de gestes que jamais personne n'a su programmer, toutes nos différences, nos excitations, les myriades de désirs exaucés, les réseaux tissés, l'infini qui nous semble reproduire des mouvements permanents, tous nos plaisirs... il nous suffit d'ajouter, en passant. Tout ça c’est juste un regard sur des voix parce que rien ici question d'opérations ne peut se dire de défini. C'est beaucoup de plaisir parce que le monde en place je peux le décrire et ce qui se produit là nous donne à vérifier comme une forme qu'il ne suffit pas d'expliquer. Conclusion? La procédure transporte nos mémoires tant bien que mal, nous obtenons la sonorité d'un panorama qu'il nous suffit de regarder. Ce roman pense la lumière à tous les âges de notre monde. Sans raison. Bien voir l'image en action. Sur le chemin je laisse la solution pour m'en aller plus loin encore. D'une certaine façon le processus vérifie la couleur du ciel et maintenant nous voyons des hommes et des femmes, des grands, des petits et aussi des enfants rêvant de ceci de cela, d’autres encore qu’on ne connaît pas et c’est nous qui décidons de la force des images et de tous leurs contextes. En d'autres termes les voix se mélangent, en direct, dans le monde tout entier, comme un dispositif perméable en rapports étroits dont on ne sait pourtant ce qu'il figure. Ces considérations incorporent les interrogations des hommes à toute époque au-delà du connu, ce sont juste des voix tissées dans l'univers tout entier, ce sont juste des regards sur des voix. Tout dépend de la présentation, comment nous les exposons.



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...sur la question du détail...


Un lieu se présente c'est-à-dire le droit d'accomplir dans cet espace sans présomption l’œuvre de nos actions représentatives non pas de nos identités mais bien plutôt de nos responsabilités. Et tout ça permet de contenir tant de détails que bien que nous en arrivions à percevoir ce qui est possible la situation devient de plus en plus facile en nous ramenant chaque jour à l'expérience que nous vivons. Par exemple nous avons tous ces mots dans l'espace, nous les recevons en pleine figure, dans nos mémoire, en même temps, parce que, c'est très simple, tout le monde a des yeux et des oreilles, et il est donc parfaitement inutile dans cette libre jouissance de croire en ceci ou cela parce que nous n'avons pas besoin d'adhérer mais seulement de participer. En fin de compte chaque occasion déroule son habile entreprise dans l’univers indéfinissable et déconcertant d’ingéniosité pour satisfaire nos moments les meilleurs que nous voulons inventer. C'est pourquoi j'additionne tous ces fragments sous des éclairages toujours différents, je vois tous les choix possibles et je les additionne parce que toutes nos ambitions écrivent des connexions pour nos savoirs et nos consciences. Il ne s’agit donc pas d’un acte revendicatif avide de publicité mais bien plutôt d'un acte physique de fusion dans l'éternité. Il est décisif que la continuité vivante de toutes nos actions depuis les temps les plus anciens soit prise en compte dans sa fonction historique comme un agrégat d'actions si vous voulez, comme une galaxie au milieu de centaines de milliards d'autres galaxies. Cette interprétation là n'est donc pas séparable de l'idée d'un passage rattachant selon différentes procédures le temporel à l'intemporel, comme une présence attentionnée au monde tout autour de ce que nous connaissons et ne connaissons pas encore. Dans l'éternité rien ne m'effraie.



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...sur la question du processus...


Nous devons donc voir directement les choses d'ici, tout ou en partie, c'est-à-dire désenclaver le temps mais aussi nos idées et toutes leurs combinaisons déjà programmées, voir tous ces quelques choses qui peuvent arriver, comme des rendez-vous immensément jouissifs, par exemple le bruit du torrent qui reflète la lumière, l'artiste que je vois improviser joyeux et concentré sur son piano désaccordé, chacun lorsqu'il reconnaît sa place, le courage lorsque nous sommes sans crainte pour avancer au milieu de tout ce qui peut se manifester, toutes nos existences à perte de vue comme toutes ces phrases qui s'additionnent et se complètent, toutes les dimensions pour éclairer nos approches et nos envies, ces paroles comme une promenade, c'est-à-dire voir dans toutes les directions la vie même qui met en jeu de fondamentales vérités auxquelles rien n'y peut changer. Tout pouvoir créateur dans son vrai domaine se tient juste là où chacun peut aller. Le besoin d'agir nous donne en retour l'invulnérabilité, nous déposons sans soumission nos jugements pour affirmer sans risque notre irréductibilité. Voilà l'effet entassement sans début ni fin, comme la parade de notre vie microscopique ramassée en un seul point dans l'univers tout entier. Nous traversons ce que nous rencontrons pour aller bien plus loin encore. Vivre dans l'abondance des technologies nous permet d'élargir encore au maximum les conditions de tout ce que nous faisons, nous multiplions les intimes modalités de nos expériences, c'est juste une addition de nos possibilités pour regarder dès le commencement l'assemblage des uns sur les autres lorsque d'heure en heure chaque chose que l'on dit peut s'additionner pour nourrir et recouvrir la précédente. Nous déposons sans soumission nos jugements pour affirmer sans risque notre irréductibilité. C'est comme une déambulation juste pour dire qu'il y a quelqu'un. Toutes ces rencontres, ces permutations de plein de choses, ces multiplications et toutes ces traversées, ces dimensions comme des lectures détournées, ces présentations de notre monde bien au-delà des informations télévisées, ces portraits entre vies privées et sociales à revisiter pour les confirmer, toute cette conception de la multiplicité, ces objets de nos connaissances dans l'étendue de l'espace et du temps, l'expérience de nos actions, l'existence matérielle de l'univers, tout ça, avec toutes ces voix qui parlent en même temps, nous donne la surface et les couleurs du monde qui nous contient, je veux dire que le résultat inévitable de chacun de mes actes s'il est contraint par la nature même de mon travail satisfait la volonté même de ma propre existence. Tout ce processus de création prend un sens pour ainsi dire immuable bien au-delà de ses constituants.



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...sur le particulier...


Il nous faut traverser ce que nous connaissons et ne connaissons pas encore parce que ce que nous voyons plutôt maintenant c'est le sens physique de la force d'unification transmise par nos actions comme une force d'affirmation bien au-delà de toutes nos pensées. Quand je ferme les yeux sous la lumière je vois du rouge, quand je ferme les yeux dans l’obscurité je vois du noir. L'énergie nécessaire au dynamisme de la vie sait qu'elle est nécessaire à la succession de la vie. C'est une forme de force consciente dans l'universel mouvement qui nous pousse à créer pour aller de l'avant. Des lieux conquis d'heure en heure quelque soit l'espace de leurs inscriptions. Tous ces détails pour l'ensemble, toute cette concentration, toutes nos voix comme un déferlement de lumière, toute notre appréhension du monde bien au-delà du nécessaire, toute notre considération de l'art comme quelque chose dont on peut se servir avec bien sûr tous nos processus de création dont nous sommes bien conscients, tous ces vides éblouissants à l'horizon nous montrent d'autres possibles pour chacun nos propres choix, tous les moyens de création possibles et légitimes savent tisser ce dont nous avons besoin si nous savons l'utiliser. On se sent bienheureux de pouvoir combiner les séquences, il n'y a pas à se justifier, c'est justement parce que l'artiste sait dépasser les limites de son évolution qu'il peut accomplir dans certaines de ses manifestations sa détermination.



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...sur l'addition...


Tout au long d'une vie chacun multiplie ses pensées. Pour stimuler la nature de nos espaces de pensées nous savons sortir de nos modèles et de nos références. Chaque perspective œuvre par approximations. Toutes ces notes ajoutées forment une surface de conscience de notre temps traversé. Toute situation déploie la surface-temps de l'univers qui la contient. Ce que nous obtenons prend un tour mémorable qu'aucun motif privilégié ne peut seul déterminer. Formes et couleurs n'ont de valeurs qu'à la condition d'un détournement fictif du paysage environnant les contenant et que nous appliquions ou non notre conscience à le savoir tous les jeux sont possibles dans l'universelle réalité c'est-à-dire toutes les combinaisons dans la splendeur du temps pour tisser le monde où nous sommes. On peut donc voir de ce côté toute chose transitoire pour éveiller l'esprit, juste comme une trame audible et visible, juste rien d'autre que ce moment là, mais aussi juste et certainement peut-être un accomplissement d'une libération de tendresse. Nous sommes dans un comportement qui ne veut pas séparer mais accroître la rencontre. Toute création inclue la présence d'un public dans la production artistique et nous voyons les signes physiques de la vie correspondant aux signes mentaux de nos consciences élargies. Dans les formes que nous offrons c'est la lumière qui permet la relation aux objets que nous voyons. Toute forme de connaissances et de rencontres anime la substance organisée de nos créations alors entièrement ouvertes aux contexte qui les contient. On peut donc voir le film de chacun sur tous les horizons, il y a tant à faire dans l'existence et nous devons prendre notre temps. C'est juste un regard sur des voix même si bien sûr il est difficile d'apporter une démonstration. En se demandant quelle est la situation nos regards traversent l'enthousiasme de ne pas fixer de limites, c'est comme Mondrian qui dit qu'il n'a peint qu'un seul tableau qui serait celui obtenu en additionnant toutes les surfaces de tous ses tableaux. Tous les détails et tous les processus mis en mémoire retracent l’événement que chacun nous sommes. Le contenu sans truquage dans nos mémoires comme une seule image.



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...sur la répétition...


Je vois plein de monde et tous ces visages de loin de près dans le même temps constituent le plus riche sujet de toutes mes actions. La vie de tout homme applique cette volonté de création, tous nous pouvons parler de nos actions comme d'une entreprise pour nous définir. Lorsque j'invente des lieux ouverts à davantage de terrain qu'on peut occuper l'espace d'un moment pour le traverser les perspectives se croisent et se sur-impriment. Mes formules alors n'ont rien de particulier. La prise en compte de mon existence influence seulement les méthodes de mes pratiques artistiques, mais il n'y a pas de possibilités sans idée préconçue d'imaginer la suite. Tous les détails et tous les processus sont mis en mémoire. Un lieu occupe toujours un instant, point par point, nous pouvons en repérer tous les détails pour avancer. Et lorsque nous ne passons pas vraiment par ce que nous souhaitons, c'est très curieux, les dimensions de l'étrangeté restituent un probable effet d'identification. Lucrèce déjà s'enthousiasmait pour le monde et ses infinies possibilités. L'art déborde le monde de l'art, les procédures de multiplications nous font avancer, c'est l'usage de la rencontre comme processus d'acquisitions. Il nous faut pour cela je dirais nous engager du côté de choses pas moins incontestables parce qu'elles ne vont pas ensemble et je ne sais pas encore ce qui pourrait ne pas s'inscrire dans ce champ là. Qu'en est-il par exemple du rapport très singulier qui peut ajuster l’œuvre et son commentaire? Les correspondances entre les choses qui nous intéressent nous apparaissent comme des pièces à conviction dans l'élaboration du savoir, ce sont les effets d'un savoir au-delà du savoir bien au-delà de l’œuvre par le jeu d'une distance pour toujours mieux la voir. Nous sommes invités dans notre connaissance du monde jusqu'au cosmos qui contient tout, c'est en fait du plaisir que nous prenons dans n'importe laquelle de nos activités.



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...sur tous ces autres qui ont su bien avant nous tisser à leur manière d'autres surfaces du monde où nous sommes...


Il nous faut franchir non seulement des questions de volonté mais aussi de scénarios pour donner existence à nos partitions et leurs interprétations et nous pouvons y incruster tous les niveaux d'exigences théoriques en traversant tous ces lieux inachevés pour les regarder et les compléter. Tout ce que nous réalisons ce n'est que la conséquence lorsque nous savons écouter pour mieux voir aussi tout à côté. Tout se tient dans le monde que nous construisons. L'artiste additionne. L'artiste additionne une suite de signes achevés et inachevés qu'il offre à l'espèce humaine toute entière, comme un battement de cœur permanent pour passer la frontière du quotidien. Par exemple sur tous les écrans qu’on peut allumer les sons mêlés comportent la grandeur inexorablement captée de l'appel audacieux de l'univers, tous ces fragments mis en scène écrivent la pièce de nos portraits mélangés comme un émerveillement qui serait gigantesque et endémique lorsqu'on verrait la couleur des yeux de tous les personnages. On pourrait appeler ça le parfum des images. Voilà comment ça fonctionne, la chorégraphie se transforme parce que nous sommes nombreux à marcher, les enregistrements grésillent de parasites et deviennent musique parce que nous ne laissons rien de côté. Et pour chaque situation c'est l’enthousiasme du détail et c’est beaucoup de plaisir. Une telle hypothèse agit immédiatement, elle s'exécute pour le monde tout entier. C'est la société dont nous parle Isou où tout le monde ferait une œuvre sans jalousie. Un monde rempli d'immenses autoportraits, comme une suite de solos en variations irrégulières et nul besoin d'énoncer ou de tenter d'indiquer les séquences inutiles parce que si toute la personnalité progresse par juxtapositions de toutes les choses enregistrées que l'on peut tisser le canevas n'exclut pas les faces cachées qu'il ne montre pas. Simplement le temps prend sa place dans l'image et cette musique qui voit le temps c’est comme un film tissé dans l'histoire des hommes.



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...sur notre époque, celle des réseaux, qui nous permet de tisser et d'entrecroiser parce que nous n'avons rien à craindre...


J'enchaîne les séquences, sans liaison, c’est juste la même bande. L’instant perpétuel du monde à chaque instant c’est tout ce qui nous attend, toute création dans son déroulement et sa perception contient tous les contextes en même temps. Je trace des chemins aux allures provisoires, toutes les voix que nous connaissons et toutes celles que nous ne connaissons pas s’additionnent et se croisent. Toutes les dimensions et tous leurs contextes célèbrent par une sorte de transcription tous ces fragments que justement nous mettons en œuvre bout à bout sans hésiter. C'est comme une forme de terre promise que dès maintenant nous voudrions traverser. Par exemple cet ouvrage longtemps conjugué manifeste la constante prédominance de ce qu’on appelle amplement un état de nos lieux comme un provisoire spectacle bien éclairé à très grandes vitesses variées et mélangées. Mais peut-être suis-je celui qui met en acte ce qui n'est que préparatifs. Aujourd'hui, ce qui se marque depuis le début bien situé face à moi-même, c'est toujours cette idée obtenue que s'affirme là tout le sens, dans son ensemble en un même instant. Il faut donc conserver la prodigieuse multiplicité qui se crée dans l'âme de l'artiste pour y prêter attention. En saisissant au vol ce savoir et ses formidables connexions l'appréciation des créations de partout dans le monde demande une solide confiance en tous ces espaces incommensurables que nous traversons et détournons à notre compte. Lorsque Nieztsche enjoint le philosophe à devenir artiste il veut dire que chacun doit trouver au fond de lui quelque chose à trouver dans les possibles de son œuvre. Maintenant tout ce que je veux dire c'est que l'ensemble de mes ouvrages n'explique rien, ce ne sont pas mes derniers mots, parce qu'en sujet illimité l'existence offre cette facilité de ne jamais lasser. Le voyageur dans l'univers rend visibles ses œuvres et ses traces au milieu de tous les savoirs, la perception dans toute sa pleine immensité. J'examine ce que je désire.



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...et sur plein d'autres choses encore si nous faisons ce que nous aimons...


Il s'agit plutôt pour moi maintenant de forces physiques, simplement voyez-vous j'aimerais dérouler les fragments du moment comme un paysage qui s'allonge sous nos pas. Il ne s'agit pas et je ne l'imagine pas de prétendre obtenir la compréhension de toutes les pensées vivant sur la Terre mais l'artiste a besoin de compréhensions comme des souvenirs dans la mémoire pour ne pas se perdre dans sa tâche et livrer les travaux qu'il veut entreprendre. La connaissance dans tous les domaines fait un bien immense et le travail n'exprime pas la personnalité mais le monde autour de la personnalité. Quelles que soient nos origines on peut choisir pour écouter parce que les données sans cesse changeantes comme la vitesse de nos particules en mouvement appartiennent, dans tous les cas c'est sûr, à l'infini. La course infatigable est devant et je peux faire confiance parce que tous les contextes se discutent pour exécuter le grand voyage dans l’œuvre. La technique n'est rien, absolument rien, juste une conséquence si vous pensez à la planète entière. Je ne l'explique pas. Je pense à l'examen de Kafka où justement celui qui serait reçu serait celui qui ne répondrait pas aux questions. Toutes les opérations, multiplications, juxtapositions, superpositions et plein d'autres encore pour construire mon travail, entérinent régulièrement l'infinie multiplicité de l'espèce humaine sur la Terre. Je vois d'autres jours et là-bas sans démonstration debout sur la scène tout le monde et partout. Personne n’y pourra rien changer. Qu’avons-nous besoin d’attendre? Ce que nous vivons nous le regardons. Donc une simple expérience d'un processus sélectionné par le hasard ou le choix efface le contrôle de l'enregistrement, d'ailleurs un enthousiasme sans contrainte jaillit de ces pratiques, les détails détournés et mélangés ne laissent aucun repère et chacun devient son propre message. Juste soi-même.



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...c'est une surface à la disposition de tous...



Qu'est-ce que ça veut dire? Toute l'histoire de l'humanité depuis ses origines traverse chacun de mes actes, et tous les morceaux de mon œuvre nous introduisent dans un mouvement comme une sorte d'expression comparable à la responsabilité sur tout ce qui peut arriver dans le monde tout entier dans les domaines de tous les savoirs et de leurs créations. Tous ces territoires que l'art découvre et parcourt comme des fragments que l'artiste rassemble en les tissant continuent la partie depuis les tout débuts de l'humanité. On voit alors comment la présence de chacun touche l'humanité de tout le monde. C'est juste là, sur cette surface, que ça commence et continue toujours. Tous les objets à portée de main, toutes les manières et notre pouvoir de multiplier, toutes nos visions à jamais comme au premier jour, tous les problème de nécessités, par exemple les sons qui se reflètent sur la bande image et l'instant bien conscient qui veut assurer sa trace, tous les épisodes, fragmentaires, toutes les musiques sur toutes les scènes en même temps, toutes les occasions qui se multiplient lorsque nous savons les voir, toutes les histoires racontées en même temps, le film de chacun comme un éclat jamais apprivoisé, les images de nos mouvements, si vite et si proches, l'inéluctable visible justement fixé sur tous les événements, toutes les richesses des peuples différents, toutes ces positions que de toute évidence à perte de vue nous occupons en passant, cette permanente ambiguïté absorbée comme une grande revue qu'on feuillette en passant, la mémoire en déplacement mise à disposition, ce qui n'est pas inclus dans la composition, le sens de tout ça, quelque chose d'important ou pas, tous nos discours jusqu'à la saturation, l'énergie et la perte, ce qui nous attend, l’amour immense de tout ça surgit dans l’espace comme eaux silencieuses remplies tout simplement des mémoires de l’univers tout entier qui tous nous contient. Certainement nous visons les sommets et j'aperçois les témoins dans la foule entassée. Tout est provisoire. Le cosmos en expansion, cet esprit dans le temps comme dans l'espace, le sens de tout ça, de loin de près, cette toile tramée qu’on utilise pour tisser des broderies comme un tissu d’activités, c’est aussi la trame du roman que chacun veut raconter.



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...chaque lecteur peut s'en emparer...


Je veux rendre mes œuvres utilisables, faire un ouvrage surgi de l'actuel pour explorer l'invisible éternité bien au-delà de nos étonnements et de toutes nos motivations. Il faut considérer que la recherche d'expériences y compris celles dans l'erreur de par nos fausses exigences non seulement constitue le moyen de lier pour mieux les utiliser toutes nos fonctions, mais aussi de nommer toutes nos observations créatrices pour pouvoir déterminer toutes nos possibilités d'actions. Tous ces territoires que l'art découvre, toutes les choses enregistrées que l'on peut tisser, l'idée de l'homme et de son humanité dans l'univers tout entier, toutes ces possibilités sans fin, ces superbes lieux que nous traversons, c'est juste un regard sur des voix. La perception du voyageur, ce qui nous amène ici, c'est que certainement le moindre souhait peut ouvrir des portes sur les lieux de passages. En ce sens la volonté de créer motive la constitution d'ensembles de fragments pour apprendre à regarder et donc relever des points d'intersections. Idem pour les mots et les sons, constatant que tout ça tient sur la surface mosaïquée du monde qui nous contient. L'artiste écoute les voix du monde de toutes les façons à la mesure de son pouvoir de création. Des tentatives pour y dire sa présence. C'est pourquoi nous devons continuer notre voyage et franchir la danse de notre époque parce que le spectacle est déjà commencé et que la table est déjà dressée et que nous pouvons manger. L’œil en visite passe, simplement. Donc tu vois les pièces mises bout à bout, toutes les vues, détails, processus, le contenu enregistré sans trucage, plutôt comme un chantier pour apprendre au gré du vent de tous nos mouvements dans les œuvres et les documents sur les œuvres. Tout ça toujours à partir de nos vies détaillées dans le monde tout entier. Les manifestations de la vie s'incarnent dans l'art laissant librement s'inscrire la volonté d'y installer encore et toujours plus d'art dans des positions singulières de plus en plus multiples et encourageantes pour toujours mieux avancer dans notre humanité. Et je me réjouis d'envoyer des événements qui pourraient provoquer des appréciations sans liaisons et ressemblances avec celles habituellement portées aux choses de l'art.



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...chacun peut en faire ce qu'il veut...


J'ajoute bout à bout les activités de tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux parce qu'on peut obtenir de singulières possibilités en supposant rendre compte des eurêka de toute l'humanité. Les dialogues s'additionnent pour commenter l'espèce humaine, il suffit d'imaginer parce que l'espace de nos vies fait advenir l'espace de nos créations. L'art en direct si vous voulez, à chaque instant, dans toutes les situations, même celles que nous ne pouvons pas imaginer. Par la suite le résultat final est en ce sens la conséquence. Ce qui arrive envisage notre pensée à partir de notre communion avec le monde que nous habitons, on peut alors voir les hommes de tous les temps en séries de solos que nous additionnons dans tous ces lieux que nous traversons. Rien ne peut exister en dehors de l'espace et du temps. Nous découvrons l'immensité, c'est comme le son de la pluie qui tombe ou de l'eau qui coule, tous les calculs s'y combinent. Tous ces territoires désormais n'emploient que ça, des positions autonomes inviolables : la mise en place de l'éternité modifie le regard et sa musique. En fin de compte l'attirance de cette sorte de réponse balance à qui veut bien l'entendre de limpides éclats pour chacun s'y mirer. Nous avons là d'une manière absolument active la reconstitution opérationnelle tout simplement manifeste de l'être dans l'univers. Les choses de la vie, celles qui transforment les sentiments dans leur vrai décor, posent la question du dénouement pour ne plus se la poser lorsque nous pouvons écouter tous les sons possibles enregistrés. Le Temps présent à titre d'essai permanent comme un subtil point final pour la phrase suivante. Le Temps nous écrit de ce nouvel instant. Chaque instant peut se glisser dans les blancs que nous savons construire pour l'y recevoir, jusqu'à bien écouter l'orchestration que chacun veut bien lui donner pour continuer d'exister.



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...chacun peut insérer ses propres additions de ses quelques choses...


Il suffit de bien définir les ensembles. Tout autant répétition que renouvellement permanent l'enthousiasme de connaître accorde à l'esprit l’extase avide au bout des pensées comme un réservoir plein toujours à ras-bord pour chacun y laisser ses propres expériences. Un artiste a déjà une histoire avant sa propre histoire, comme un paysage historique dans lequel il installe son œuvre et ses possibilités. Cette question des possibilités infinies transforme l’œuvre au-delà du sens dans le processus de son élaboration, juste comme un retour à soi qui serait mis en action. Les procédures de multiplications nous font avancer, c'est l'usage de la rencontre comme processus d'acquisitions. Je peux tout mettre dans l'art, cela veut dire beauté et facilité, inaction et discours c'est-à-dire les créations humaines au milieu des bruits de la réalité, le monde réel et toutes ses contaminations, existence et recherche du silence, rencontres et publicités, solitude et langage, sentiment comme universel et bricolage pour tout faire c'est-à-dire tous les lieux possibles comme toutes les idées communes, c'est-à-dire la multiplicité de toutes les partitions à jouer, - poursuivez en prélevant des mots dans ce que vous lisez -, c'est l'art comme une promenade voyez-vous, c'est sûrement une relation avec le monde tout entier. L'art peut offrir ce moyen de jouer entre tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux en même temps, lisez les quelques pages de Schwitters écrites en 1926 sur l'art et le temps, le monde est fait pour l'art voyez-vous, la politique ne change pas le monde. L’œuvre en d'autres termes peut être utilisées de différentes façons, elle appartient au monde lorsque le plaisir d’inventer se trouve là où les regards s’entremêlent. En établissant une relation avec l'univers tout entier l'artiste réussit à libérer ses actions de tout attachement sentimental, là se reflètent toutes les premières fois de chaque événement que l'homme a su créer pour inventer. L'artiste sait que son histoire existe bien avant sa propre histoire.



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...plusieurs lecteurs en divisant le texte en autant de parties que leur nombre peuvent produire une lecture simultanée...


Nos découvertes nous transforment et fournissent à nos certitudes et nos incertitudes comme une irréversible révélation pour atteindre chacun le bonheur que nous cherchons. Les possibilités qui déterminent nos comportements illustrent la démonstration de la causalité qui jamais ne conduit dans un seul sens lorsque tout peut être modifié. C'est pour moi une immense jouissance de projeter tous ces films en même temps. J'inscris et j'additionne, les voix s'intègrent à l'image, le temps se déploie. J'utilise une pratique du fragment comme moyen de fabrication par additions, il y a dans cette perspective des idées de passages permanents par le jeu des combinaisons. L'art est au cœur du réseau de connexions de tous nos espaces d'existences, tous les morceaux de quelque chose peuvent s'y rencontrer pour s'y tisser. C'est une régulation simplement de nos relations comme une musique très remplie qui s'étale et n'en finit pas, une forme de plénitude pénétrante à l’heure précise où nous sommes maintenant et nous pouvons compter sur l'appui sûr et bienveillant de tout l'univers comme une quiétude tout autour. Tout ça s'enchaîne et se mélange. Tout ça permet de contenir tant de détails que bien que nous en arrivions à percevoir ce qui est possible la situation devient de plus en plus facile en nous ramenant chaque jour à l'expérience de ce que nous vivons. Toutes les histoires peuvent être écoutées. John Cage nous offre du thé, nous rions de nos histoires et buvons du thé, beaucoup de thé. Visions repérables avec avidité, juste un regard sur tant de nos pas, juste un regard sur des voix. Comme une cartographie de nos désirs lumineux voici donc des propositions entièrement provisoires, des configurations simultanées en pleine vitesse sans prédire le résultat. L'action artistique affirme son lieu d'existence pour constituer comme une force multiplicatrice les univers de chacun, c'est le monde qui la reçoit.



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... usant de ces mots comme de sons pour une partition peut-être celle du monde où nous sommes...


Tous les lieux sur la surface de la Terre sous tous les angles à la fois nous permettent d'opérer dans un champ de possibles mettant en jeu des corrélations que nous tissons et chaque matin nous pouvons compter sur une urgence de création comme sur une urgence d’évolution. Il y a toujours un prochain rendez-vous pour la suite. En réalité nos yeux organisent nos croyances, c’est pourquoi la conséquence naturelle à comprendre nos problèmes provient des mécanismes de l’univers pour représenter la relation que l’on a au sentiment de notre existence. Sur tous les côtés, du premier à l'arrière plan, dans la perspective en filigrane de tous les états des lieux que nous pouvons visiter, nous créons ce qui deviendra visible c'est-à-dire nos existences et rien que nos existences. Il pourrait même y avoir un processus d'accélération pour savoir comment déceler les signaux, histoire de bénéficier chaque jour d'un puissant courant. Mais si les musiciens tentent de s'accorder chaque violon reste particulier et ce que nous pensons peut alors se garder au calme de l'expérience consciente de nos réussites et de tous nos échecs et tout ce que nous savons et tout ce que nous ignorons dans l'image où nous sommes illuminent alors nos pensées de notre couleur préférée. Les limitations rencontrées éclairent simplement des possibles sans vanité et tout ce qui se passe maintenant nous permet peut-être d'être occupés à chanter un besoin de beauté lorsque nous voyons ces bouts de possibles. Lorsque nous nous occupons de ces positions en passant l'imprévisible nous allège. Regardez le vol des oiseaux, il rend mobile le chant des oiseaux. Au fondement de l'art le plus tranquille le vol des oiseaux ? L'Ursonate n'a-t-elle pas été écrite en écoutant les oiseaux ? Chacun parcourt son existence dans l'espace qu'il habite et j'aime particulièrement approcher de très près ce qu'on appelle à chaque instant le plaisir de nulle part. Assurément ce qu'on appelle un instant nous permet à ce moment précis d'être différents, dans les coulisses et sur la scène en même temps.



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...c'est juste quelque chose sans nous soucier du comment c'est fait...


Je connais la danse possible pour exposer mes idées même si mes pensées sont loin d'être comprises lorsque je crois communiquer, il suffit d'être sans crainte, comme dans l'urgence de dire l'essentiel et son inverse, au-delà de toute espérance. Toutes ces immensités, ces visions représentées et ces raisons de la saturation, il nous reste à les apprécier. Qu'est-ce qui peut y être dit ? Des occasions de réponses comme des révélations se rapprochant de plus en plus si nous savons reconnaître notre grande peur à saisir les attributs de notre force. Il en est ainsi pour tout individu dans la quête de son espace heureux. L'artiste ne prouve pas sa légitimité, il est donc toujours question d'art lorsque nous engageons volontairement nos responsabilités dans ce que nous faisons. Toutes nos occasions d'interventions engagent entièrement l'espace autour de nous. Nous pouvons y introduire le nom de différents domaines interchangeables reproduits selon les classifications les plus confondues, chacun est libre de percevoir les dimensions d'organisations et de modalités de l’œuvre présentée. Et tout ça me donne confiance parce que c'est une grande qualité l'intuition nécessaire à la sérieuse exactitude de nos circonvolutions toutes vulgaires ou séduisantes. Il faut toujours être prêt. Il faut le temps qu'il faut pour enregistrer les réponses, chacun tient ses comptes, sur différentes fréquences. Voici donc l'odeur du monde. Le voyage vient agiter les frontières, effectivement tous les signaux sont brouillés, les passages visibles souvent même insignifiants tour à tour images et sons semblent ainsi neutraliser l'effet général presque comme une impression de décalage et de vertige en seul regard sur tous ces instants. Sans point de départ ni point final ce voyage derrière le mur des paroles au milieu des étoiles nous le regardons avec la boussole de nos rêves. Les moindres effluves issues de l'orchestration de nos œuvres apportent à qui veut bien respirer ce qu'il peut trouver.



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...une rencontre avec nous-mêmes au milieu des étoiles...


C'est la force du pouvoir de l'artiste d'agir en vivant, c'est la logique essentielle en termes artistiques à la réalisation de toutes les dimensions de l'artiste dans l'espace en expansion auquel il participe. Dans ce sens le monde de l'industrie devrait s'intéresser à mon travail parce que l'artiste d'aujourd'hui a besoin de collaborateurs. Je les quête dans tous les domaines qui ne sont pas les miens pour manifester et révéler les pouvoirs de l'art lorsqu'on sait l'utiliser comme un tourbillon dans toutes ces dimensions. Dans ce projet l'artiste apprend à mettre au point sa précision d'action, il appelle à des comportements sociaux de partages de compétences, il vit la nécessité du faire lien inévitable si l'on veut véritablement créer notre monde de bonheur et de beauté. L'art peut nous transformer, comme une envolée de regards au milieu du silence ou du bruit. On peut parler de longueurs d'ondes et de fréquences. Voyez le paysage, il s'allonge sous nos pas, la procédure transporte nos mémoires tant bien que mal et nous obtenons la sonorité d'un panorama silencieux qu'il nous suffit de regarder. Un lieu occupe toujours un instant, point par point. Et ces pensées, dans un espace et leurs formats, toutes se rencontrent et se croisent. Et si dans toutes les descriptions nous pouvons rater un détail ou un personnage ou un fait jamais nous ne pouvons rater les mots additionnés. Ce n’est pas une question de mesures mais bien plutôt de décisions quand à l’action que nous engageons parce que nous n'en finirons jamais de commencer si tout ce que nous disons se dresse complètement face à nous. Les plus profonds sujets tous les malentendus compris accordent à l'esprit un réservoir pour chacun y tisser ses propres tentatives, à chaque instant chaque endroit on voit à distance, et là aussi je vois d'autres individus dans leurs propres villes. Quiconque sait le cas est unique.



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...comme une manière de marcher dans les montagnes...


Complètement nous sommes ici et ça se mesure, en direct. Un agrandissement détaillé nous livre sans retenue ni faiblesse les passages fortuits mais bien solides de ce que nous pouvons absorber : sur la scène la vie quotidienne invente son visage. Fragments, séquences, morceaux décalés, l'idée de mises bout à bout de tous ces morceaux de quelques choses nous emmène dans une perspective infinie. Alors la perception dans toute sa pleine immensité c'est comme à la croisée des chemins, en d'autres termes comme un dessin aux qualités éternelles ou bien un document inestimable en dehors du sentimentalisme des choses et des gens. On y voit tous les voyageurs à chaque instant en même Temps. Et ce que nous vivons nous le regardons c’est-à-dire en même temps que les regards les questions que nous posons. Une incroyable force peut alors distinctement transformer ce qui n'est pas nécessaire et le rendre opérant, comme un sens indéfinissable dans ce décor réel pour mieux vivre dedans. A la croisée des intersections il est toujours une fois, globalement en quelque sorte, comme lorsque je vois sans cesse à la dérive les ailes silencieuses d'un oiseau par delà les montagnes. Tout doit être prêt. Voyez Mondrian qui à New York supprime le noir, voyez Ulysse qui veut échapper aux sirènes, nos regards ne sont pas les mêmes. En 1976 la sonde Viking se pose sur Mars, moi je décide d'y poser le travail d'un artiste, qu’est-ce qu’il arrive ensuite? Il faut aimer le provisoire pour avoir un certain succès c'est-à-dire l’effet total mesuré par chacun sur la place qu’il a choisi. Alors nos activités artistiques dans la plupart des cas redimensionnent l'espace-temps à chaque intervention comme un regard à distance pour mieux y voir dedans parce que chaque instant avide de sa part recyclable le moment venu formule l'exposition choisie. Tous ces instants au même moment, l’air que nous respirons, les œuvres que nous créons, nos voix indéfinissables et changeantes, tous les contextes et leurs dimensions avec beaucoup de monde tout autour, tous ces instants comme le prolongement de nous-mêmes, tout ça c'est la promenade qui nous conduit et que nous construisons aussi.



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...juste une construction mosaïquée...


Le sens alors est seulement l'opération, sûrement pas une célébration. Tout le monde peut repérer les détails. L'ensemble de ces bout-à-bout donne à entendre des signes d'existences comme des possibles provisoires pour chacun constituer les réseaux de nos promenades et de nos pensées. Il nous faut toujours considérer le particulier dans son environnement. C'est sans doute en appliquant à toute situation des méthodes à fonctionnement illimité que nous construisons nos chemins et notre plénitude. Le volontaire et l'involontaire s'y unissent au-delà de notre maîtrise et de notre réussite, au-delà des frontières entre visible et non-visible. Toute forme en tout domaine se constitue de diverses harmoniques en termes de réceptions. Il faut s'imaginer tous les manuscrits de tout le monde, tous les corps humain dans leurs destinées spatiales ces signes et signaux répétés à l'infini sous de nombreuses variantes comme la parade de notre vie microscopique en un point ramassée, tous les journaux imprimés grand collage satellite comme un objet non identifié, les dialogues n'importe lesquels en marche avant en marche arrière les mêmes mots pour participer, toutes ces couches largement diluées imbriquées et même délitées, la surface dépliée du globe avec le tracé des déplacements de tous les hommes en une seule journée, tout ça comme une impression mouvante inachevée, comme un désir de communications, une forme d'autonomie du perceptiblement là que nous provoquons à chacune de nos actions. De ce qui enveloppe tout naît ce qui existe, en tout lieu chaque endroit chacun affine sa vue dans sa propre perspective. Il nous faut le temps. C'est pour cela que nous sommes venus, pour comprendre et poursuivre, comme un rendez-vous pour la suite. Des énergies interactives dans une circulation permanente, des suites d'instants additionnés, la vie et son mouvement comme une trame pour investir notre environnement quotidien. Sans hésitations.



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...c'est seulement un morceau de la surface du monde...


Au-delà des dimensions du temps l'artiste atteint un ensemble de dimensions à plusieurs définitions et le processus de réalisation de l’œuvre nous met sur la voie de sa compréhension bien avant son sujet ce qui permet la transformation du présent en circulations de nos forces créatrices pour révéler justement notre force à chacun. Nous marchons pour profiter d'un espace vital comme dans une urgence de dire l'essentiel et même son inverse, ce sont des milliards de mots débités et chacun prend sa part. Les images se déroulent et nous pouvons écouter tous les sons possibles. Le temps se déploie. Il est vrai qu'au milieu de tout ça l'histoire finit par être connue lorsque le verre rempli est vidé dans un autre et l'opération répétée mais nous assistons alors comme à une forme de concert étincelle et on pourrait noter tous les airs ce qui nous pousse à traverser chaque moment comme dans un instant de déclic sur la surface du monde pour y trouver l’origine de nos habitudes. Tout s'inscrit dans ce délicieux va-et-vient comme les possibles d'une pensée en action qui raconte et confirme la persistance de l'expérience et de ses significations. Nous sommes sept milliards à marcher, à dire le récit de la création de nos pensées et le plan n'est pas fixe parce que dans tous les sens la lumière dans l'univers contient une infinité de points mobiles dans l'espace qu'ils traversent même si on ne les voit pas. Nous pouvons donc avancer comme si chaque journée était la plus longue, c'est à ce point, c'est quelque chose comme un week-end à venir, et chacun dans ces parages ne dispose que de lui-même. Indistinctement nous pouvons y voir l'excès ou le vide mais dans tous les cas c'est l'empreinte de chaque instant, comme une quantité d'atmosphère immense au-dessus des montagnes ou du mouvement de la mer ou des bruits de la ville. C'est l'essentielle palpitation obstinément questionnée, sans limite. Peut-être comme le murmure du ruisseau ou bien l'océan de Joyce jamais écrit. Toutes les situations ne méritent pas d'être embrassées mais l'ensemble avec ses contrastes de valeurs nous emmène au bon endroit sur les ondes et leurs interférences. Tout ça, le plus usuel globalement pris, ne s'enseigne pas.



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...comme une longue histoire sans début ni fin de l'univers où nous sommes...


Chaque instant avide de sa part recyclable le moment venu formule l'exposition choisie. Il est évidemment question ici de combinaisons comme des partitions à jouer sur tous les tons ce qui fait apparaître le monde alentour dans le calme et le bruit de la vie. On multiplie toujours de l'ailleurs amplement inscrit en soi, c'est notre prestige, comme une exécution simultanée de plusieurs morceaux séparés. Lorsque je fredonne en marchant au rythme de mes pas les rêves se forment et se fixent, la formule est à chaque fois nouvelle, c’est pour moi l'équivalent de tout voir c'est-à-dire voir la lumière à tous les âges de notre monde. Je vois une musique événement au fil du temps, je vois des sourires en frises, à l'infini, je vois des fragments d'images au soleil, je vois des enregistrements non triés, toutes les versions, avec des personnages sur tous les bords, c'est-à-dire que quels que soient les endroits le paysage peut changer n'importe quand lorsque les musiciens tentent de s'accorder mais que chaque violon reste particulier. Comme Isidore Isou je veux semer des surfaces immenses et chanter une ode audacieuse étrange peut-être mais sûrement incomplète. Dans cette multiplicité sur la scène éclairée même l’éclat d’orchestrations électriques que nous voulons ajouter peut condenser tout ce que l'on peut utiliser en une seule surface, la surface du monde où nous sommes. J'aperçois alors mes déplacements au milieu des cris de victoire lorsqu'on veut entendre le triomphe de nos ambitions et l’initiative des premiers mots certainement alors cultive le désir de rentrer chez soi chercher son espace. Le bruit des événements présents répète un processus incontestable si nous savons donner notre attention aux récits de nos multiples dimensions. C'est comme si nous installions des micros avec des hauts-parleurs pour faire entendre encore plus fort l'expérience du monde tout autour, comme une musique en direct sur l'écran, avec tout ce que je projette et que je n'ai pas encore projeté, avec des aller-retours permanents, avec des mots et des sons, avec au commencement précisément la solitude pour écouter et murmurer à chaque instant le lieu de notre errance. Le public applaudit.



Copyright © Pierre Pilonchéry 1985-2005




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